La nouvelle a été confirmée le 24 juin par la direction de Nedbank. La banque sud-africaine est en négociations avancées pour une cession de sa participation dans Ecobank Transnational Incorporated (ETI), l'un des plus grands groupes bancaires panafricains. La transaction porterait sur 21% du capital d'ETI, acquis en 2014 pour un montant estimé à 500 millions de dollars, faisant de Nedbank le plus important actionnaire du groupe panafricain. Cette annonce, relayée dans une lettre aux actionnaires, intervient dans le contexte d'un repositionnement stratégique du groupe Nedbank sous la direction de son nouveau CEO, Jason Quinn, en poste depuis 2024.
‘'Nous finalisons une revue stratégique de notre investissement financier dans ETI'', a déclaré Jason Quinn, précisant que les récents échanges avec les investisseurs avaient mis en lumière ‘'un fort soutien à une cession si celle-ci devait avoir lieu''.
Un partenariat de 15 ans en voie de dissolution
Née en 2008, le partenariat entre Nedbank et ETI visait à créer une synergie Sud-Sud dans le domaine bancaire, permettant à Nedbank d'accéder à l'Afrique francophone et centrale via le réseau étendu d'Ecobank. En 2014, cette coopération s'était matérialisée par l'entrée de Nedbank au capital d'ETI, faisant du groupe sud-africain l'un des principaux actionnaires de la holding basée à Lomé.
Nedbank ne serait pas la première institution à reconsidérer sa présence en Afrique subsaharienne. Ces dernières années, plusieurs acteurs internationaux et régionaux ont opéré un repli. En 2023 déjà, BNP Paribas avait cédé ses dernières activités subsahariennes, tandis que Société Générale poursuit ses désengagements dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest. Standard Chartered a également réduit sa voilure dans certaines régions en 2023.
Cette dynamique de recentrage sur les marchés domestiques, motivée par une combinaison de facteurs réglementaires, géopolitiques et financiers, semble aujourd'hui toucher les partenariats intra-africaines.
Cette recomposition pourrait également être l'occasion de favoriser une reprise par des capitaux africains, en ligne avec la doctrine défendue par des institutions comme Afreximbank, la Banque africaine de développement ou la ZLECAf, qui appellent à une plus grande souveraineté financière du continent.
L'entrée de nouveaux actionnaires africains à long terme permettrait à ETI de renforcer son positionnement, en ligne avec les priorités du continent, en termes de digitalisation, d'inclusion financière, de transition énergétique, et de financement des PME et de développement des infrastructures régionales.
Un tournant pour l'avenir d'Ecobank
Avec plus de 33 filiales dans toutes les zones monétaires du continent, un total de bilan de près de 30 milliards USD et un rôle central dans le financement du commerce africain, ETI reste une pièce maîtresse du dispositif bancaire régional. Mais le départ de Nedbank obligera sans doute le groupe à redéfinir sa stratégie de croissance, son modèle de rentabilité et sa structure de capital.
Dans une Afrique où la concurrence s'intensifie, notamment face à des groupes émergents très offensifs comme Coris Bank ou Vista Group, ETI devra démontrer sa capacité à se réinventer, tout en consolidant sa marque historique.
La Rédaction
Publié le 30/06/25 08:45
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