Le Conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu les consultations de 2025 au titre de l'article IV avec la Guinée équatoriale, marquant une nouvelle étape dans la relation entre le pays et l'institution de Bretton Woods. Cette décision s'accompagne de l'approbation, par la direction du FMI, des première et deuxième revues du Programme de référence (PRS) ainsi que d'une prolongation d'un an, jusqu'en 2026, rapporte un communiqué publié ce 25 juillet.
Après une année 2023 marquée par une sévère contraction économique, la Guinée équatoriale a enregistré une modeste reprise en 2024, avec une croissance estimée à 0,9%. Cette embellie, bien que fragile, témoigne d'une stabilisation progressive du climat économique, malgré des vents contraires persistants liés à la baisse structurelle de la production d'hydrocarbures et aux pressions inflationnistes, l'inflation étant passée de 2,5% à 3,4% en un an.
Des réformes engagées, mais des défis persistants
Le FMI salue les réformes engagées dans le cadre du PRS. L'ajustement budgétaire réalisé en 2024 a permis de réduire significativement le déficit primaire hors hydrocarbures, passant de -22,3 % à -17 % du PIB non pétrolier. En parallèle, la dette publique a légèrement reculé, de 39,1 % à 36,4 % du PIB.
Les autorités équato-guinéennes ont également mis en œuvre plusieurs mesures structurantes : adoption d'une nouvelle loi fiscale, début de réduction des subventions sur les carburants, amélioration de l'administration douanière, stratégie d'apurement des arriérés, et publication de contrats du secteur extractif.
Mais tout n'est pas parfait. Le FMI déplore le renoncement du gouvernement à publier les déclarations de patrimoine des agents publics, un engagement de longue date et un symbole fort en matière de gouvernance. Pour compenser cette reculade, les autorités envisagent une réforme alternative, à savoir la publication d'un rapport de transparence sur les industries extractives conforme aux normes de l'ITIE. Si elle est menée à bien, cette initiative pourrait constituer un pas important vers un renforcement réel de la transparence.
Une diversification économique encore embryonnaire
Avec la baisse attendue des recettes pétrolières, le FMI insiste sur l'urgence d'une diversification économique concrète. Cela passera par une exécution stricte du budget 2025, une mobilisation accrue des recettes fiscales hors hydrocarbures, et une réforme sociale ambitieuse, notamment via l'adoption de la loi sur la protection sociale, actuellement attendue.
L'amélioration de la transparence, l'assainissement du climat des affaires, et une justice économique prévisible sont également jugés indispensables pour attirer les investissements privés, nationaux comme étrangers.
Une trajectoire à surveiller
Malgré des progrès tangibles, la Guinée équatoriale reste à la croisée des chemins. Le FMI reconnaît les efforts réalisés, mais reste prudent. Le climat macroéconomique demeure fragile, les risques budgétaires élevés, et la résilience sociale encore limitée. Le prolongement du PRS jusqu'en 2026 devrait offrir une opportunité à saisir pour accélérer les réformes et crédibiliser davantage la stratégie de gouvernance. Les prochaines consultations au titre de l'article IV sont prévues dans 12 mois. D'ici là, le gouvernement équato-guinéen est attendu sur un terrain plus exigeant : celui de la concrétisation.
Narcisse Angan
Publié le 26/07/25 11:45