Interview - Isidore N.TANOE, président de l’APSGI (association des SGI de l’UEMOA)

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‘'Le marché est aussi impacté par la faible culture boursière des particuliers''

Pour les SGI de l'UEMOA, l'optimisme est plus que jamais de mise, le marché offrant un contexte actuellement attrayant pour  les investisseurs, nous indiquait Isidore Niamkey TANOE dans le numéro de janvier 2020 du magazine Sika Finance dédié au marché financier régional. Président de l'APSGI (association professionnelle des SGI de l'UEMOA), il partage dans son analyse les facteurs qui peuvent expliquer la baisse des indices à la BRVM ces dernières années.*

Mais au-delà, il revient dans cette interview sur l'engagement de l'organisation à promouvoir la culture boursière auprès des masses, un des leviers pour consolider durablement le marché.

La BRVM a soldé 2019 en légère baisse comparé aux années antérieures. Quel bilan faites-vous de cet exercice ?

Depuis mars 2016 en effet, la BRVM a amorcé une tendance baissière de ses indices. Cependant on peut noter que l'ampleur de la tendance a quand même diminué en 2019. Ainsi l'indice BRVM composite a clôturé l'année avec une baisse de 7,5%, à l'instar de plus de la moitié des bourses africaines qui n'ont pas surfé la forte croissance observée sur les marchés européens, nord-américains et asiatiques.

(...) les investisseurs institutionnels que sont les assureurs se sont massivement retirés de la BRVM en raison de certaines dispositions du code des assurances.

Les principales causes de la sous-performance de la BRVM sont endogènes. Il convient de noter la modification du Code des assurances, notamment l'article 416. Cette disposition oblige les assureurs qui détiennent des actions à faire des provisions dans les écritures contre toute moins-value supérieure à 5%. La conséquence de cette réforme est que les investisseurs institutionnels que sont les assureurs se sont massivement retirés de la BRVM. Aussi, et ceci apparaît comme une cause majeure, c'est la faible culture boursière des particuliers qui ont tendance à acheter lorsque les cours grimpent et vendent lorsqu'il y a une baisse. Contrairement à la règle d'or de l'investissement qui consiste à acheter bas et vendre haut. Ensemble, ces facteurs ont contribué à la baisse en 2018 et qui semble se poursuivre en 2019.

" Le marché est aussi impacté par la faible culture boursière des particuliers qui ont tendance à acheter lorsque les cours grimpent et vendent lorsqu'il y a une baisse.

Quelles sont les actions de l'APSGI pour attirer plus d'investisseurs sur notre marché ?

Les actions de l'APSGI se situent essentiellement au niveau de la promotion du marché financier régional et particulièrement des activités des Sociétés de Gestion et d'Intermédiation (SGI) dont elle défend les intérêts. L'APSGI a organisé plusieurs évènements publics et médiatisés dans plusieurs pays de la sous-région en vue de vulgariser la culture boursière et favoriser l'éducation financière des populations au sein de l'Union.

La version numérique du magazine Sika Finance (janvier 2020) disponible en téléchargement gratuit

Nous pouvons citer entre autres, les deux éditions des salons des produits et métiers de la bourse, le RDV de l'APSGI à Cotonou en 2017, la commémoration des 20 ans de l'association avec l'organisation d'une conférence publique à Ouagadougou. Nous avons produit des vidéos pédagogiques sur les réseaux sociaux, YouTube en particulier, qui expliquent le marché financier régional et le fonctionnement de l'investissement en bourse.

" Afin de rendre l'information boursière encore plus accessible, nous avons produit une vidéo sur YouTube destinée au grand public et disponible en langues Wolof et Bambara "

Mieux, afin de rendre l'information encore plus accessible, la vidéo destinée au grand public est également disponible en langues Wolof et Bambara et les productions dans les autres langues majeures de la zone UEMOA sont en cours. Nous avons aussi publié un annuaire officiel des SGI de l'UEMOA qui est disponible en PDF sur notre site web.

L'APSGI propose également des programmes de formation en collaboration avec des instituts de formation pour le renforcement des capacités du personnel des SGI, en vue de mieux répondre aux attentes des investisseurs.

Certains investisseurs peuvent mal appréhender certaines échéances électorales dans la région, comme en Côte d'Ivoire par exemple. Avec votre expérience du marché, quels conseils pourriez-vous leur prodiguer ?

Il convient de les rassurer parce que nous estimons que les autorités ivoiriennes sont conscientes des enjeux socio-économiques et financiers qui s'y jouent et qu'en conséquence, elles sauront prendre toutes les mesures qui permettraient d'éviter la situation d'instabilité.

Par ailleurs, la diversification est la première couverture des risques liés à l'investissement, ensuite il y a toujours des recommandations spécifiques selon le profil de l'investisseurs. Il faut donc se rapprocher de sa SGI afin de recevoir des conseils plus affinés.

 Dans quelle mesure le marché des capitaux de notre région peut-il être encore attractif pour de nouveaux investisseurs ?

Selon nous, le marché actuel est très attractif aussi bien pour les anciens que pour les nouveaux investisseurs surtout pour ces derniers. Nous considérons que c'est le moment pour les nouveaux investisseurs d'acheter parce qu'au vu des caractéristiques actuelles du marché nous pouvons anticiper une reprise prochaine des indices. Cependant, il ne faudrait pas perdre de vue que nous intervenons sur un marché à long terme, c'est-à-dire l'horizon de l'investissement est supérieur à 2 ans.

Les circonstances actuelles de la BRVM sont également propices pour les anciens investisseurs d'acheter en vue de baisser le niveau de leurs cours moyens.

Les circonstances actuelles de la BRVM sont également propices pour les anciens investisseurs d'acheter en vue de baisser le niveau de leurs cours moyens. Il est intéressant de noter que les cours des actions cotées à la BRVM sont essentiellement au niveau qu'ils avaient en 2013. Or l'économie de l'UEMOA a connu une croissance moyenne annuelle supérieure à 6%. Partant, les sociétés ont aussi connu une croissance de leurs résultats sur la période. En conséquence le Price Earnings Ratio (PER), une statistique utilisée par les investisseurs pour évaluer l'attractivité des actions, est aujourd'hui à un niveau historiquement bas. En fin décembre 2019 le PER moyen était à 10 contre 24 en 2015.

Une autre statistique à considérer est le rendement moyen des sociétés cotées à la BRVM qui est de 10%, contre 3,357% en fin 2016. 

Retrouvez des articles et d'autres interviews dans le numéro de janvier de notre magazine Sika Finance disponible en téléchargement gratuit.

 

* NB: Interview réalisée en début d'année et parue dans le numéro du magazine semestrielle Sika Finance parue en février 2020, bien avant la crise du covid-19

 

 

Jean Mermoz Konandi

Publié le 11/06/20 20:38

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