La Côte d’Ivoire peine-t-elle à vendre son cacao ?

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La saison 2020/2021 de la commercialisation du cacao s'annonce éprouvante pour le premier producteur mondial de fèves qui avait déjà eu maille à partir avec les multinationales qui exigeaient en octobre une baisse des taxes.

La Côte d'Ivoire n'est pour le moment parvenue en effet qu'à vendre que moins de 15% de sa récolte principale (d'octobre à mars), indique Reuters ; une performance qui en dit long sur l'état de la filière. D'ordinaire, souligne le confrère, le pays concluait des contrats d'achat sur la totalité de sa production sur cette période avant l'ouverture de la saison, et arrivait même à vendre 30 à 40% de sa récolte intermédiaire entre avril et septembre. Et cette saison, Abidjan cherche encore preneur pour 90 à 95% de sa récolte intermédiaire d'après des sources du Conseil Café Cacao.

Il faut remonter à la saison 1988/1989 pour observer pareille situation où le pays avait des stocks sous la main sans trouver de débouchés.

Voir aussi - Côte d'Ivoire : Les multinationales suspendent leurs achats de cacao

Sur le terrain, la situation est perceptible au niveau des organisations coopératives.  " Nous, déjà en tant que coopératives, on a de grosses difficultés pour écouler nos produits parce que, quand on se rapproche des différents exportateurs, ils nous disent que les clients finaux, les clients à l'extérieur n'ont pas passé de grosses commandes " a confié un intermédiaire à RFI.

Le contexte actuel est expliqué par la combinaison, d'une part, de la mise en place de la prime de 400$ sur la tonne de fèves (le DRD, le différentiel de revenu décent) appliquée aux négociants qui intervient à un moment où la crise de la Covid-19 a mis le marché en berne avec l'affaissement de la demande mondiale d'autre part.

Des sources ont confié à Reuters que les négociants et firmes chocolatières ne s'empressent pas de reconstituer leur stock dans un tel environnement. Et plus encore, ces derniers auraient tendance à se tourner vers des pays producteurs de cacao autres que la Côte d'Ivoire et le Ghana, à savoir le Brésil, le Nigéria ou encore le Cameroun dont le cacao revient nettement moins cher sans la prime du DRD.

La Côte d'Ivoire et le Ghana représentant environ 60% de l'offre mondiale de cacao, les acteurs de la chaîne mondiale ont donc des raisons de concentrer leurs achats en priorité sur les autres 40% du volume mondial plus compétitif avant éventuellement de chercher à s'approvisionner chez les deux premiers producteurs au cas où la demande se relançait avec la reprise économique attendue en 2021 dans les économies développées, les principaux consommateurs.

Voir aussi - Cacao : La Côte d'Ivoire et le Ghana engagent le bras de fer avec les géants du cacao

Notons que le Conseil Café Cacao ivoirien et le Cocobod ghanéen, conscients de cette donne, ont entrepris de suspendre les programmes de durabilité des multinationales comme mesure de représailles dans l'espoir de voir les négociants maintenir leurs opérations d'achat et tenir leur engagement de son conformer au DRD.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 02/12/20 18:21

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