La Côte d’Ivoire trace sa route vers le sommet de l’industrie aurifère africaine

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La Côte d'Ivoire n'est plus un outsider dans le secteur aurifère africain. Elle s'impose aujourd'hui comme l'un des marchés les plus dynamiques et les plus attractifs du continent. Une ascension portée par une stratégie étatique cohérente, une administration minière modernisée, et un afflux massif d'investissements étrangers.

Ces dernières années, la Côte d'Ivoire est passée du statut de producteur mineur d'or à celui d'acteur incontournable dans le secteur minier ouest-africain. Alors que le pays a produit 59 tonnes d'or en 2024, la barre symbolique des 60 tonnes devrait être franchie en 2025, confirmant une progression constante. Mais au-delà des chiffres, c'est surtout la vision à long terme portée par le ministère des Mines, du Pétrole et de l'Énergie qui impressionne les observateurs et séduit les investisseurs.

Un potentiel géologique inégalé

Le sous-sol ivoirien repose en grande partie sur la ceinture birimienne, une formation géologique riche en or qui couvre également le Ghana, le Burkina Faso, le Mali et la Guinée. Ce qui distingue la Côte d'Ivoire, c'est la proportion : 35 % de cette roche aurifère stratégique, présente en Afrique de l'Ouest, se trouvent sur son territoire. "Devant tous les autres pays de la région", insiste le ministre des Mines Mamadou Sangafowa Coulibaly dans un entretien exclusif accordé dans le cadre de l'hors-série de Sika Finance dédié aux secteurs extractif et énergétique ivoirien. Pourtant, le pays n'a commencé qu'assez récemment à réaliser ses premières découvertes avec ce trésor géologique.

Une administration attractive et réformée

Pour corriger ce décalage entre potentiel et production, le gouvernement ivoirien mise sur deux leviers : un climat des affaires favorable et une administration minière performante. À ce titre, la Côte d'Ivoire a été désignée en septembre 2025 comme le pays au cadre le plus attractif au monde pour l'investissement aurifère, lors du forum Africa Down Under à Perth, devant des poids lourds comme le Canada et l'Australie.

Cette reconnaissance internationale couronne des années de réformes, dont la plus structurante est à venir : l'adoption prochaine d'une politique sectorielle intégrée entre les mines, le pétrole et l'énergie. " Cela nous permettra d'optimiser les synergies, d'harmoniser les politiques d'investissement et de régulation, et d'orienter tous les acteurs vers un cap commun ", explique le ministre Coulibaly.

En parallèle, le code minier est en cours de révision pour devenir plus moderne, plus rigoureux sur les plans environnemental et social, et surtout plus exigeant en matière de contenu local.

L'explosion des investissements étrangers en 2025

Ce climat attractif a fait de la Côte d'Ivoire un véritable aimant pour les compagnies minières internationales. Depuis la fin de l'année 2024, les annonces d'investissements et de découvertes majeures se succèdent à un rythme soutenu, témoignant d'un engouement sans précédent pour le sous-sol ivoirien. Ainsi, la compagnie canadienne Montage Gold a lancé les travaux d'une méga-mine appelée à devenir, une fois opérationnelle la troisième plus grande en activité en Afrique de l'Ouest. Quelques mois plus tard, en juin 2025, l'anglo-australienne Resolute Mining annonçait la découverte d'une nouvelle mine de classe mondiale à Doropo, à l'est du pays.

Dans le même temps, Turaco Gold a mobilisé près de 39 millions de dollars en juin pour intensifier ses recherches sur le site d'Afema, dont les réserves sont déjà estimées à 3,6 millions d'onces. Aurum Resources, de son côté, a sollicité un permis d'exploitation pour démarrer la mise en valeur du gisement de Boundiali, pour lequel il revendique une levée d'environ 49 millions de dollars en 2024 et mai 2025, dont le potentiel est évalué à à 2,4 millions d'onces, soit environ 78 tonnes d'or.

D'autres compagnies comme Many Peaks Minerals, Centamin, Koulou Gold ou encore le canadien Kobo Resources ont également renforcé leur présence en Côte d'Ivoire, à travers des investissements dans l'exploration, confirmant la percée du pays dans les stratégies d'expansion des grandes firmes du secteur. En mars 2025, l'australien Many Peaks Minerals dévoilait la mobilisation d'environ 4 millions de dollars pour intensifier ses recherches sur ses projets miniers à Ferkessédougou, Odienné et Oumé. Kobo Resources, a, pour sa part, annoncé ce lundi 15 septembre avoir bouclé une levée de 13 millions de dollars destiné à une vaste campagne d'exploration sur ses permis dans les localités d'Assuéfry, Sakassou, Bokro et Kouto.

Des compagnies australiennes, en particulier, ont clairement fait de la Côte d'Ivoire un terrain stratégique, à l'image des implantations, via des acquisitions de projets cette année de Castel Minerals et de Delaroo Metals. Ces deux acteurs, à eux seuls, représentent plusieurs dizaines de millions de dollars injectés dans l'exploration et le développement minier, renforçant davantage la position du pays comme nouvelle frontière aurifère du continent.

Du contenu local au développement durable

Mais le ministère en charge des Mines veut aller plus loin. Il ne s'agit pas uniquement d'attirer des capitaux, mais de faire de l'or un véritable levier de développement national. Pour cela, la loi sur le contenu local impose désormais aux opérateurs de recruter localement, de s'approvisionner en Côte d'Ivoire et de former les compétences nationales. Un dispositif suivi via une plateforme numérique dédiée à la transparence et à l'efficacité.

Objectif 2035 : premier producteur d'or d'Afrique

À moyen terme, la Côte d'Ivoire vise clairement la première place africaine dans la production aurifère, aujourd'hui occupée par le Ghana qui, avec un potentiel moindre, a passé le cap des 100 tonnes d'or par an (contre 59 tonnes pour le pays en 2024) . Et le ministre des Mines l'assume dans l'entretien sus cité : " Avec la lutte contre l'orpaillage illégal et l'entrée en production de nouvelles mines industrielles, nous avons le potentiel de devenir le premier producteur africain d'or d'ici dix ans. "

Pour y parvenir, la stratégie repose sur trois axes : l'intensification de l'exploration, la mise en valeur rapide des découvertes et une répartition plus équilibrée des retombées économiques sur l'ensemble du territoire.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 16/09/25 09:21

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