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" La pandémie de coronavirus a été tragique pour des millions de personnes, mais profitable pour quelques privilégiés ", constate, amère, Chema Vera, directeur général d'Oxfam International, une ONG connue pour ses prises de position contre les inégalités sociales dans le monde.
Dans son dernier rapport intitulé " COVID 19 : les profits de la crise " publié ce 9 septembre, l'organisation tente de montrer en effet comment les grandes entreprises du monde ont, six mois après le début de la pandémie du Covid-19, aggravé la précarité sociale de millions de personnes en faisant baisser leurs coûts via des licenciements massifs notamment, alors qu'elles disposaient d'importantes dividendes qui ont été distribuées à leurs actionnaires.
Selon l'Organisation internationale du Travail (OIT), 400 millions de personnes ont déjà perdu leur emploi, et il est estimé qu'un demi-milliard de personnes dans le monde pourraient sombrer dans la pauvreté en raison de la crise économique engendrée par la pandémie.
OXFAM prend le cas des 10 plus grandes marques de vêtements au monde qui ont versé en moyenne 74% de leurs bénéfices à leurs actionnaires au titre de l'exercice 2019, soit un total de 21 milliards $ (versés courant 2020). Alors que sur ces derniers mois, 2,2 millions de personnes de la filière textile ont été licenciées seulement au Bangladesh qui est le bassin mondial de l'industrie textile. Des licenciements dus aux fermetures d'usines qui ont fait " baisser les revenus du pays d'environ 3 milliards de dollars ".
C'est aussi le cas de Chevron qui a annoncé des réductions de 10 à 15 % de ses effectifs à travers le monde (45 000 personnes), alors même que la firme pétrolière américaine a versé plus de revenus à ses actionnaires au premier trimestre 2020 qu'elle n'a généré de bénéfices opérationnels.
" Il est révoltant de voir qu'en pleine pandémie, certaines entreprises versent des dividendes records (…) aux personnes déjà très riches, alors que des centaines de millions de personnes souffrent des conséquences de cette pandémie ", dénonce Chema Vera.
Quand la bourse s'en mêle
Entre temps, ces dividendes généreuses ont fait flamber les cours des actions souligne le document. Ainsi, " les 100 premiers gagnants du marché boursier ont vu leur valeur boursière augmenter de plus de 3 000 milliards de dollars depuis le début de la pandémie ", un contexte qui a fait ‘'exploser'' la fortune des 25 milliardaires des plus riches de la planète.
Le rapport donne l'exemple de Jeff Bezos, le fondateur et PDG d'Amazon. L'homme, désormais le plus riche de la planète avec une fortune évaluée à 200 milliards $, a vu ses avoirs augmenter " de 92 milliards de dollars en seulement cinq mois, entre le 18 mars et le 20 août 2020 ".
Voir aussi - 2 153 milliardaires détiennent plus d'argent que 60% de la population mondiale
" Jeff Bezos aurait pu payer de sa poche à chacune des 876 000 personnes employées par Amazon une prime unique de 105 000 dollars et rester aussi riche qu'il l'était au début de la pandémie " relève OXFAM.
Partager le fardeau de la crise
" La crise économique que nous subissons à cause de cette pandémie a été alimentée par un modèle économique biaisé. Les plus grandes entreprises du monde gagnent des milliards aux dépens de la main d'œuvre à bas salaires et canalisent les bénéfices vers les actionnaires et les milliardaires – un petit groupe composé en grande majorité d'hommes blancs de pays riches " pointe du doigt Chema Vera.
OXFAM appelle donc à une réforme " immédiate " du monde de l'entreprise afin d'offrir une meilleure protection aux travailleurs en période de crise. Des réformes qui prendraient en compte " la mise en place d'un impôt sur les bénéfices exceptionnels réalisés pendant la pandémie de COVID-19, en vue de partager le fardeau de la crise et de redéployer des ressources concentrées entre les mains des personnes qui profitent de la pandémie vers celles qui en subissent les conséquences ".
Jean Mermoz Konandi
Publié le 11/09/20 17:04
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