Le lancement à Pékin, le 15 août dernier, de l'Alliance des hôpitaux Chine‑Afrique marque une avancée concrète vers la modernisation des systèmes hospitaliers africains.
En associant plus de 300 décideurs et praticiens, ainsi que des ministres de la Santé du Gabon, du Cameroun, de la Zambie, de Maurice et d'autres pays, cette initiative vise à mutualiser les ressources, renforcer la formation et intégrer des technologies avancées, notamment l'intelligence artificielle (IA), dans les soins.
Pénuries médicales critiques
L'Afrique subsaharienne, qui concentre près de 24% de la charge mondiale de morbidité, ne dispose que de 3% du personnel médical global ; soit un déséquilibre flagrant entre besoins et ressources. Parmi les régions les plus touchées, le Nigéria ne compte qu'un médecin pour 10 000 patients en moyenne, voire un pour 30 000 selon certaines sources, loin de l'objectif optimal d'un médecin pour 600 patients.
Ces chiffres soulignent l'urgence d'innovations capables de pallier les déficits en personnel, en diagnostic et en prise en charge.
L'IA médicale comme amplificateur d'efficacité à moindre coût
Des études montrent que l'IA peut réduire considérablement les coûts de santé en optimisant le diagnostic, réduisant les erreurs et améliorant la gestion des flux patients. Dans des pays à ressources limitées, ces gains peuvent se traduire par des économies substantielles. Par exemple, côté global, l'investissement dans l'IA médicale pourrait générer jusqu'à 150 milliards USD d'économies d'ici 2026.
En Afrique, l'IA rend possible la détection rapide de pathologies comme la rétinopathie diabétique ou la tuberculose pulmonaire via des outils de lecture automatisée en Tanzanie ou Zambie. Cela accélère les diagnostics tout en réduisant la dépendance aux expertises rares et coûteuses.
Mutualisation et montée en gamme des infrastructures
L'alliance permet aux hôpitaux membres de partager expertises, équipements et formations, créant ainsi des économies d'échelle dans l'approvisionnement et la gestion hospitalière. Les conférences annuelles programmées permettront une diffusion régulière des résultats et des innovations. Cela contribue à élever les standards de gouvernance et de performance clinique.
Dans de nombreuses zones rurales, l'accès aux soins reste très limité : les distances, les infrastructures déficientes et les moyens de transport entravent l'accès à des soins de qualité. L'intégration de technologies comme la télémédecine, les applications mobiles et l'IA pourrait désengorger ces zones et améliorer les délais de prise en charge.
L'adoption de l'IA en contexte africain nécessite un investissement de départ générique élevé auquel s'ajoutent des coûts de formation et de maintenance. Selon des estimations récentes, une solution IA en santé peut coûter entre quelques milliers à plusieurs centaines de milliers de dollars selon la phase (prototypage, formation, déploiement). Toutefois, une stratégie bien ciblée sur des cas d'usage à fort impact peut générer un retour sur investissement positif.
Dr Ange Ponou
Publié le 18/08/25 13:35