La Banque de développement des États de l'Afrique centrale (BDEAC) a clôturé l'année 2024 avec des engagements d'un montant total de 191,4 milliards FCFA. Ce volume représente 63,7% de l'objectif annuel de 300 milliards prévu dans son plan stratégique 2023-2027. D'après les chiffres arrêtés par le conseil d'administration au 31 décembre 2024, le Cameroun apparaît comme le grand bénéficiaire de ces financements, en valeur absolue comme en valeur relative, en captant près de 147,6 milliards FCFA, soit plus de 77% de l'ensemble des montants validés. Le Congo suit avec 18,7% et la Guinée équatoriale ferme la marche avec seulement 4,2%.
Au Cameroun, les concours de la BDEAC se sont concentrés sur quatre projets de grande envergure. Le plus important, évalué à 65,6 milliards FCFA, concerne la société Cameroon Tyres Factory Project SA qui prévoit de construire une usine de pneumatiques à Dibombari, dans la région du Littoral. L'infrastructure, implantée dans la périphérie de Douala, doit abriter trois lignes de production spécialisées, capables de sortir 7,6 millions de pneus par an. La répartition prévoit 600.000 unités destinées aux camions, bus et remorques, 4 millions pour les voitures de tourisme, utilitaires et SUV, ainsi que 3 millions destinés aux deux-roues et tricycles.
Un deuxième projet, concerne la compagnie aérienne nationale Camair-Co qui a obtenu un appui de 47 milliards FCFA. Ce financement s'inscrit dans le cadre du plan quinquennal 2024-2028 de la compagnie, lequel vise à restaurer sa compétitivité et à moderniser ses opérations. Aujourd'hui, Camair-Co couvre six destinations domestiques et trois liaisons régionales, avec une flotte de huit avions. L'injection de fonds doit permettre d'élargir progressivement le réseau, de rouvrir des dessertes suspendues pour des raisons opérationnelles et de conquérir de nouveaux marchés aériens, en consolidant en parallèle la gestion de la flotte.
Toujours à Douala, la BDEAC a validé un prêt de 30 milliards de FCFA en faveur de la société All Luxury Group SA. Ce projet hôtelier et immobilier prévoit la construction d'un immeuble de 24 étages qui abritera un hôtel cinq étoiles de 214 chambres et des appartements hôteliers. Il comprend également un second immeuble de bureaux haut de gamme sur sept niveaux ainsi qu'un centre commercial de 2 000 mètres carrés. L'investissement ambitionne de positionner la capitale économique du Cameroun comme une destination d'affaires et de tourisme de luxe, dans un contexte où l'offre hôtelière haut de gamme reste limitée. Le quatrième projet camerounais touche directement le secteur bancaire. La Régionale Bank a bénéficié d'une ligne de refinancement de 5 milliards de FCFA.
Si le Cameroun s'impose comme le principal bénéficiaire, le Congo arrive en deuxième position avec un total de 35,8 milliards FCFA, soit 18,7% du montant annuel des engagements. Trois projets expliquent cette enveloppe. À Ntoumbi, dans le département du Kouilou, la société SAN Congo SA s'est vu octroyer un financement de 2 milliards FCFA pour moderniser une ferme agropastorale. L'opération doit permettre d'augmenter la production d'œufs de 17 à 28 millions d'unités par an, ainsi que celle de poulets de chair, dont la capacité annuelle est fixée à 2,3 millions de têtes.
À Pointe-Noire, la société Hope Cancer Centers SAS bénéficie d'un prêt de 3,8 milliards FCFA pour construire le premier centre privé de traitement du cancer du pays, avec l'objectif de rendre accessibles des techniques de diagnostic et de soins jusque-là réservées à l'étranger. Enfin, la BSCA Bank, acteur financier majeur, a reçu une garantie de 30 milliards FCFA. Celle-ci vise à sécuriser ses interventions auprès de la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) et à conforter la banque dans son rôle de financement du cycle d'exploitation de la compagnie nationale.
La Guinée équatoriale complète ce tableau avec un seul projet financé pour 8 milliards FCFA, soit 4,2% des engagements de l'année. Il s'agit de l'extension du complexe agro-industriel Machinda. Situé en périphérie, ce complexe vise à renforcer la sécurité alimentaire du pays à travers une production diversifiée comprenant du maïs, du soja, des ananas, des volailles et des produits transformés. Le projet prévoit non seulement de satisfaire le marché local, estimé à 1,6 million de consommateurs, mais également d'approvisionner les populations frontalières au Gabon et au Cameroun, renforçant ainsi l'intégration régionale par le commerce agroalimentaire.
Malgré un portefeuille globalement orienté vers le soutien au secteur privé, la BDEAC n'a pas atteint la totalité de son objectif annuel, affichant un déficit de 135,4 milliards de FCFA.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 10/09/25 16:37