Alors que le coût de l'endettement sur les marchés financiers ne cesse d'augmenter, le Cameroun explore de nouvelles pistes pour mobiliser des ressources.
Face à des conditions de financement de plus en plus contraignantes, le Cameroun ajuste sa stratégie de mobilisation des fonds. Après avoir sollicité les marchés monétaire et international en 2024, le pays projette de lever 380 milliards FCFA cette année en diversifiant ses approches. Le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, a détaillé ce plan lors d'une rencontre avec les investisseurs à Douala le 13 février. L'objectif affiché est de rendre l'épargne plus accessible et d'inciter de nouveaux acteurs à souscrire aux titres publics.
L'une des mesures phares concerne la digitalisation des souscriptions. ‘'Nous avons le devoir de démocratiser l'accès à l'épargne, de faire en sorte que chaque citoyen, chaque petite entreprise, chaque acteur économique puisse en un simple clic dans son téléphone, investir dans les obligations de l'État et participer activement à l'édification de notre pays'', a déclaré le ministre. L'initiative repose sur l'intégration des comptes mobile money et des plateformes fintech au marché financier.
Avec 26 millions de comptes mobile money enregistrés, mais une participation quasi nulle aux émissions de titres publics (moins de 0,01%), le potentiel de mobilisation est estimé à 50 milliards FCFA dès la première année, avec une perspective d'atteindre 500 milliards FCFA par an.
Dans cette dynamique, l'État prévoit aussi de créer un marché secondaire, permettant aux investisseurs de négocier leurs obligations. Un mécanisme qui vise à capter une partie des 1 000 milliards FCFA d'épargne informelle, jusqu'ici inexploitée. Par ailleurs, les établissements de microfinance, longtemps exclus du marché des titres publics depuis une réforme de 2010, devraient être réintégrés. Avec une offre d'obligations adaptées aux petits épargnants et des taux légèrement plus attractifs, ces institutions pourraient jouer un rôle clé dans l'élargissement de la base des investisseurs.
Outre la digitalisation, le Cameroun mise sur les fonds de pension pour mobiliser des ressources. Le modèle de la Caisse de Retraite de la Banque Centrale (CRBC) sert de référence. À fin 2023, cette structure gérait 235,18 milliards FCFA d'actifs, dont 72,32% investis en titres publics à travers des fonds communs de placement. Le gouvernement souhaite inciter les mutuelles et caisses de retraite à adopter une approche similaire pour financer les infrastructures et les projets de développement.
Quelques obstacles
Cependant, certaines barrières réglementaires devront être levées pour rendre ces instruments plus attractifs. Le gouvernement envisage d'adapter la législation afin de mieux intégrer les établissements de microfinance, les compagnies d'assurance et les fonds de pension. Il s'agit notamment d'offrir des maturités plus longues et de renforcer la transparence des émissions obligataires pour accroître la confiance des investisseurs.
Alors que les taux d'intérêt sur les Bons du Trésor assimilables (BTA) sont passés de 2,67% en 2020 à 6,33% en 2024, et que le taux de couverture des émissions a chuté de 206,98% à 69,03%, la nécessité d'une refonte du financement public devient cruciale. L'État camerounais espère que ces mesures lui permettront d'optimiser ses levées de fonds et d'atténuer sa dépendance aux financements internationaux, dans un contexte marqué par la hausse des coûts de l'emprunt et la raréfaction des crédits concessionnels.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 17/02/25 17:38
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