Le Cameroun muscle ses incitations pour attirer les investisseurs dans les zones en crise

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Le Cameroun a renforcé début décembre son dispositif d'incitations fiscales en faveur des investissements dans des zones classées comme économiquement sinistrées que sont les régions anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest et celle de l'Extrême-Nord. La mesure figure dans la loi de finances 2026 adoptée par le Parlement au début du mois. L'objectif affiché est d'inciter davantage d'hommes d'affaires, locaux comme étrangers, à engager des capitaux dans des régions affectées par l'insécurité, les chocs économiques ou les aléas climatiques.

La principale nouveauté concerne la phase d'installation des projets agréés. Les entreprises pourront désormais obtenir, à titre exceptionnel, une prolongation allant jusqu'à vingt-quatre mois supplémentaires pour achever leurs investissements. Cette prorogation sera accordée uniquement sur justification et après avis favorable de l'administration fiscale. Le gouvernement entend ainsi tenir compte des retards liés aux tensions sécuritaires persistantes, aux difficultés d'importation d'équipements ou à la hausse des coûts de production, fréquemment signalés par les investisseurs, notamment dans le Nord-Ouest, le Sud-Ouest et l'Extrême-Nord.

La loi de finances introduit également un recentrage des avantages liés à la taxe sur la valeur ajoutée. Les intérêts perçus par les établissements financiers sur les crédits destinés au financement d'investissements dans les zones sinistrées sont désormais exonérés de TVA. En parallèle, l'exonération de TVA sur les achats locaux est supprimée. Selon les autorités, cette évolution vise à mieux cibler la dépense fiscale et à limiter les distorsions au sein des chaînes de valeur nationales.

Ces ajustements s'inscrivent dans une logique de maîtrise budgétaire. Le coût du régime des zones économiquement sinistrées est évalué à environ 12 milliards de francs CFA par an sur la période 2021-2024, d'après les données officielles. Le gouvernement entend désormais orienter les incitations vers des secteurs jugés stratégiques, notamment l'agro-industrie, les matériaux de construction, l'énergie décentralisée et les services numériques, en cohérence avec la Stratégie nationale de développement 2030.

Sur le plan réglementaire, la réforme permet aussi d'aligner le cadre camerounais sur la directive CEMAC du 10 novembre 2022 relative à la TVA, qui autorise l'utilisation de cet impôt comme instrument d'incitation économique ciblée. Elle complète par ailleurs la nouvelle ordonnance de 2025 sur la promotion des investissements, qui redéfinit les mécanismes d'avantages fiscaux autour de critères de sélectivité et de transparence, selon les textes officiels.

Mis en place par la loi de finances 2017, le régime des zones économiquement sinistrées visait à soutenir la reprise de l'activité dans les régions touchées par les crises. Entre 2018 et 2024, 52 projets ont été agréés, pour un volume d'investissements supérieur à 120 milliards de francs CFA et plus de 8 000 emplois directs créés, selon les chiffres du ministère des Finances. Des résultats jugés réels mais en deçà des attentes initiales, ce qui a conduit à l'adoption des nouvelles mesures inscrites dans la loi de finances votée début décembre.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 24/12/25 01:13

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