La Société Nationale des Hydrocarbures (SNH), bras séculier du Cameroun dans l'exploitation pétrolière, a lancé une vaste opération d'appel à manifestation d'intérêt à l'attention des compagnies pétrolières et gazières du monde entier. L'objectif est de conclure, avec l'État camerounais, des contrats pétroliers pour neuf blocs libres du domaine pétrolier et gazier national, répartis dans les bassins producteurs du Rio del Rey et de Douala/Kribi-Campo.
Les zones mises en compétition combinent environnements terrestres, zones de transition terre/mer, offshore peu profond et eaux profondes. Dans le bassin du Rio del Rey, le bloc Ndian River s'étend sur 2 530,13 km² ; Bolongo Exploration, situé en offshore à 70 m de profondeur d'eau, couvre 391,86 km² ; Bakassi, également en zone de transition, représente 739,59 km².
Dans le bassin Douala/Kribi-Campo, Etinde Exploration occupe 1 697,84 km² en offshore peu profond ; Tilapia s'étend sur 3 787,82 km² en eaux profondes ; Elombo couvre 2 405 km² en offshore peu profond ; Ntem, situé à 950 m de profondeur d'eau, totalise 2 687,37 km² ; Kombe-Nespe, en zone de transition, s'étend sur 3 026 km² ; enfin, Bomono couvre 2 371,48 km² en zone de transition.
Trois cadres contractuels sont ouverts aux investisseurs : notamment les contrats de concession donnant un titre minier pour la recherche et l'exploitation ; les contrats de partage de production, qui permettent un remboursement des coûts et une rémunération en nature ; et les contrats de services à risques, rémunérés en numéraire.
Les durées initiales d'exploration sont fixées à trois ans, renouvelables deux fois pour deux ans, pour Bolongo Exploration, Bomono, Etinde Exploration, Tilapia, Ntem et Elombo ; et à cinq ans, renouvelables deux fois pour trois ans, pour Bakassi, Kombe-Nespe et Ndian River.
Pour évaluer la faisabilité de leurs projets, les compagnies peuvent consulter deux ensembles de données. Les données patrimoniales, conservées par la SNH, comprennent des relevés de puits, des données sismiques et des études techniques. Les données améliorées, intégrant un retraitement sismique 2D et 3D, sont accessibles par l'intermédiaire du partenaire Viridine Group.
Chaque soumission doit préciser le type de contrat visé, présenter une évaluation technique de la prospective du bloc choisi, détailler un programme minimal de travail avec chronogramme, budget et sources de financement, fournir les documents juridiques et financiers de l'entreprise, exposer son expérience et ses compétences techniques, et indiquer ses engagements en matière de protection environnementale et de contenu local, conformément aux articles 87 à 89 du Code pétrolier.
Une garantie couvrant le programme minimal de travail est obligatoire. Dans le cas des consortiums, la majorité du capital doit être détenue par une compagnie pétrolière, qui assumera le rôle d'opérateur.
L'impôt sur les sociétés est fixé à 38 %. L'État exige également un budget annuel de formation de 100 000 USD pendant l'exploration et de 250 000 USD en phase de développement. La participation de l'État au projet et les bonus de production restent négociables.
Cet appel d'offres intervient dans un contexte de baisse marquée des recettes et de la production pétrolière. Selon le Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme (DPEBMT) 2026-2028 du ministère des Finances, les revenus pétroliers sont passés de 877,0 milliards FCFA en 2023 à 688,7 milliards FCFA en 2024, soit une chute de 21,5 %, la plus forte depuis 2020.
Cette baisse s'explique par un prix moyen du baril inférieur aux prévisions (66,94 USD contre 72,84 USD attendus), une production pétrolière moindre (19,81 millions de barils contre 20,71 millions prévus) et un recul de la production gazière (79,2 milliards de pieds cubes standards contre 92,0 milliards anticipés).
Les perspectives à moyen terme demeurent prudentes. Le budget 2025, initialement bâti sur une hypothèse de recettes pétrolières de 734,8 milliards FCFA, a été révisé à 641,5 milliards FCFA (‑12,7 %). Pour 2026 et 2027, le DPEBMT table respectivement sur 609,5 milliards et 563,1 milliards FCFA, avant un léger rebond à 589,5 milliards FCFA en 2028. Cette trajectoire illustre une tendance baissière prolongée, amplifiée par le recul structurel de la production nationale.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 06/08/25 10:09