Le Nigéria dans la tourmente du bras de fer Arabie Saoudite - Russie

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Le Nigéria est pris à la gorge, pris en étau dans la guerre que livre l'Arabie Saoudite à la Russie. Ce 11 mars, Mele Kyari, le directeur général de la NNPC, la compagnie publique qui supervise le secteur pétrolier, a prévenu ses compatriotes quant aux jours difficiles qui s'annoncent pour le pays au cours des trois prochains mois, alors que les cours du pétrole ont replié de 25% depuis une semaine. Il s'exprimait au cours d'une table ronde organisée par la CBN, la banque centrale nigériane qui réunissait des membres du gouvernement et de représentants des secteurs public et privé.

Le désastre est déjà perceptible au niveau de l'Etat fédéral qui avait élaboré son budget autour de 57 dollars le baril, au point où une révision à la baisse des dépenses publiques est plus que d'actualité. Mais pire, le pays doit trouver dans le contexte actuel des débouchés pour sa production alors que la demande mondiale de brut est en baisse et que des pays comme l'Arabie Saoudite ont décidé de casser les prix sur le marché international.

Rappelons en effet que Ryad, dans la perspective de sanctionner la Russie pour avoir refusé de s'associer à un effort global de réduction de l'offre mondial de pétrole de 1,5 million de barils – la Russie devait consentir à baisser sa production journalière de 700 000 barils –, a non seulement augmenté sa production, mais consent une remise de 7 à 8 dollars sur le baril. L'objectif est de rafler à la Russie ses clients ce qui a amené les spécialistes à parler d'une " guerre de parts de marché ". L'on apprend même que l'Irak a emboîté le pas à l'Arabie en octroyant des remises de 5 dollars sur le baril sur ses contrats à terme. Ainsi, quand le cours est à 37,22 dollars le baril (à la clôture ce 12 mars), l'Arabie Saoudite vend sa production en dessous des 30 dollars le baril !

Mele Kyari, le directeur général de la NNPC.

La conséquence est que Abuja peine à vendre sa production au cours actuel du marché. Mele Kyari a indiqué que le pays compte actuellement 12 cargaisons de GNL et 50 cargaisons de pétrole brut en errance dans le monde,  ne pouvant débarquer leur contenu, faute d'avoir des acheteurs. " Cela ne s'était jamais produit avant ", a-t-il relevé.

Ces ristournes sont moins douloureuses pour des pays du Golfe persique comme l'Arabie dont le coût de production oscille autour de 4 à 5 dollars le baril. Mais pour le Nigéria qui enregistre des coûts de production qui vont de 15 à 17 dollars le baril jusqu'à 30 dollars sur certains gisements, selon Mele Kyari, s'aligner sur de telles pratiques serait bien hasardeux.

Toutefois, l'option d'une forte hausse de la production, à 3 millions de barils par jour (contre à peine 2 millions actuellement) en vue de réduire par ricochet le coût de production a été évoquée, mais le pays ne semble pas disposer des moyens techniques du moins à court terme pour mettre en œuvre pareille solution.

" Le marché fonctionne de telle manière que personne ne sait ce que sera demain. L'hypothèse cette année était de 60 $ le baril en moyenne. Maintenant, nous sommes confrontés à une situation en déclin, nous n'avons même pas vu le fond " a-t-il souligné.

La persistance de coronavirus et son expansion mondiale vers de nouveaux foyers devraient continuer à peser sur la demande mondiale de pétrole et impacter les cours. Pour Mele Kyari, même s'il arrivait que les cours remontent au bout des trois prochains mois, le pays ne s'en remettrait pas pour autant aussitôt au regard des déficits financiers qu'aura accumulé le secteur pétrolier qui reste la mamelle de l'économie.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 12/03/20 20:03

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