En inaugurant une nouvelle zone de transformation agro-industrielle à Ibadan, dans l'État d'Oyo, le Nigéria amorce une étape stratégique vers la modernisation de son agriculture, la création massive d'emplois et l'industrialisation de ses zones rurales. Portée par la Banque africaine de développement, cette initiative s'inscrit dans une vision de rupture portée par Akinwumi Adesina, en fin de mandat, qui ambitionne de faire du Nigéria une puissance agricole à valeur ajoutée.
Sous le regard de la Banque africaine de développement (BAD), le Nigéria a officiellement lancé sa troisième Zone de transformation agro-industrielle spéciale (SAPZ), cette fois dans l'État d'Oyo, au sud-ouest du pays. Une avancée décisive pour un pays qui veut rompre avec l'exportation brute de matières agricoles et miser sur la transformation locale.
Avec 3 000 hectares prévus, dont 300 immédiatement aménagés, le site d'Oyo pourrait accueillir 40 unités industrielles, générer plus de 100 000 emplois et soutenir 500 000 agriculteurs. Une perspective que le président de la BAD, Akinwumi Adesina, qualifie de ‘'tournant structurel'' pour les économies rurales.
‘'L'exportation de produits agricoles bruts entretient la pauvreté. Ce que nous faisons ici, c'est libérer la richesse à travers la valeur ajoutée'', a-t-il martelé.
Le programme SAPZ au Nigéria est le plus ambitieux du continent, avec un financement de 538 millions de dollars mobilisé auprès de la BAD, de la Banque islamique de développement, du Fonds international de développement agricole, du gouvernement fédéral et des États bénéficiaires.
À Oyo, les autorités locales voient dans ce projet une promesse tenue. Le gouverneur Seyi Makinde évoque une victoire électorale concrétisée : ‘'L'agriculture, ce n'est pas seulement nourrir, c'est bâtir des entreprises, des infrastructures et renforcer notre rôle économique.''
Le ministre de l'Agriculture, Abubakar Kyari, représentant le vice-président, a pour sa part souligné l'alignement avec l'agenda du président Bola Tinubu, intitulé ‘'Hope Renewed''.
Présent à la cérémonie, Akinwumi Adesina a profité de cette dernière visite officielle dans son pays en tant que président du Groupe de la BAD pour dresser le bilan d'une décennie d'action, marquée notamment par le triplement du capital de l'institution financière panafricaine (de 93 à 318 milliards USD) et une réputation de transparence saluée à l'échelle mondiale.
Il a aussi rappelé les trois piliers essentiels des SAPZ : volonté politique, mobilisation de financements, et partenariats stratégiques. Un trio qui explique la réussite du programme au Nigéria, mais aussi son potentiel d'essaimage rapide. Dès septembre 2025, dix nouveaux États rejoindront le dispositif, a annoncé Kabir Yusuf, coordinateur national.
La Rédaction
Publié le 04/08/25 09:14