Le président nigérian Bola Tinubu a fixé mercredi un objectif de croissance économique de 7 % à partir de 2027, condition jugée essentielle pour atteindre la taille d'économie de 1 000 milliards de dollars de PIB visée à l'horizon 2030. Présidant la réunion du Conseil exécutif fédéral (FEC, le conseil des ministres), le chef de l'État a salué les progrès accomplis depuis son arrivée au pouvoir en 2023, en particulier le retour d'une stabilité macroéconomique qu'il juge désormais propice à un afflux d'investissements privés.
" Ensemble, nous avons mis en œuvre des réformes audacieuses et difficiles qui ont démantelé des distorsions de longue date et restauré la crédibilité de notre politique économique ", a déclaré Bola. Parmi ces mesures : le choix d'un taux de change flottant du naira, la suppression des subventions aux carburants et la rationalisation des dépenses publiques, autant de décisions qui avaient initialement déstabilisé l'économie mais qui, selon lui, ouvrent aujourd'hui la voie à une croissance soutenue.
Les priorités pour atteindre l'objectif
Pour concrétiser cette trajectoire, le président a appelé ses ministres à accroître la mobilisation de l'épargne publique et à renforcer la mobilisation des recettes intérieures. L'investissement public reste limité, autour de 5 % du PIB, ce qui, selon lui, freine la capacité du pays à financer ses ambitions. Une révision complète prélèvements opérés par les agences publiques a été ordonnée, dans le but de dégager plus de marges budgétaires pour les infrastructures, la santé, l'industrie manufacturière et les secteurs pétrolier et gazier.
" Il ne s'agit pas seulement d'un objectif économique ; c'est un impératif moral. Stimuler une croissance plus forte est la seule voie durable pour résoudre le problème de la pauvreté au Nigéria ", a insisté le président.
Des indicateurs en amélioration et un soutien international
Selon le ministre des Finances et coordonnateur de l'économie, Wale Edun, les principaux indicateurs macroéconomiques s'orientent favorablement : taux de change plus stable, inflation en repli, recettes publiques en hausse et ratios dette/PIB contenus dans des niveaux jugés soutenables. Le président Tinubu s'est également appuyé sur un rapport du Fonds monétaire international (FMI) de juillet 2025, qui valide la nécessité d'une croissance tirée par l'investissement et approuve la trajectoire engagée par Abuja.
Avec une projection de 7% de croissance, l'économie nigériane réaliserait alors sa meilleure performance annuelle depuis 2010. En 2024, le pays avait enregistré un bond de 3,4% de son PIB.
Le cap fixé place désormais le Nigéria face à un double défi : consolider la confiance des investisseurs dans un environnement encore fragile et maintenir, sur plusieurs années, un rythme de croissance rarement atteint par le passé. Une ambition qui, si elle est tenue, pourrait repositionner la première économie d'Afrique sur une trajectoire de transformation structurelle.
Jean Mermoz Konandi
Publié le 14/08/25 10:42