Le Tchad sécurise sa connectivité avec le Cameroun par un nouvel accord sur la fibre optique

BRVMC0000000 - BRVMC
La BRVM Ouvre dans 11h9min

C'est une issue diplomatique et technique à la fois, obtenue au terme d'intenses discussions. Le 15 mai 2025, le Cameroun et le Tchad ont trouvé un terrain d'entente pour résoudre un différend financier. En ligne de mire, une dette non réglée de la Société des télécommunications du Tchad (SOTEL) envers son fournisseur camerounais CAMTEL, qui aurait entraîné, selon plusieurs sources, une suspension temporaire de l'interconnexion par fibre optique.

Officiellement, aucune confirmation n'a été donnée sur une coupure volontaire du signal par CAMTEL. Mais une source locale tchadienne, contactée par Sika Finance, affirme qu'aucune perturbation majeure n'a été constatée depuis le début du mois de mai, contrairement au mois précédent, marqué par près de deux semaines d'instabilité, voire d'indisponibilité d'Internet à l'échelle nationale. ''Le mois dernier, c'était extrêmement grave. Cette fois, c'était différent, les choses sont restées relativement stables'', confie-t-elle, laissant entendre que la coupure mentionnée précédemment pourrait avoir été ciblée, en lien avec le différend financier.

Cette suspension, bien que brève, a mis en lumière la vulnérabilité d'un pays qui dépend à 90 % des infrastructures numériques de son voisin depuis 2015, année où le Cameroun a ouvert au Tchad l'accès à son câble sous-marin à Kribi. Et la situation géopolitique n'a rien arrangé. La guerre au Soudan a mis hors service l'unique autre voie internationale de connectivité du Tchad.

Face à l'urgence, le ministre tchadien des Télécommunications, Dr Michel Boukar, s'est rendu à Yaoundé pour négocier. L'accord obtenu comprend un rééchelonnement de la dette de SOTEL, dont le montant reste confidentiel. L'État tchadien s'engage à en assurer le remboursement, en l'intégrant dans le processus de privatisation en cours de son opérateur historique. Le ministre a précisé que les détails seront discutés avec les autorités financières de N'Djamena, ouvrant ainsi la voie à une résolution durable du contentieux.

Mais l'accord ne se limite pas à la dette. Il prévoit aussi des engagements concrets pour sécuriser l'interconnexion entre les deux pays. CAMTEL promet de finaliser avant fin juin 2025 la liaison Yagoua-Bongor, tout en activant dans les deux semaines à venir le tronçon stratégique de Nana-Mbéré. Cette nouvelle voie d'accès numérique offrirait au Tchad une ''deuxième sortie'', capable de prendre le relais en cas de coupure sur la ligne principale. En parallèle, la capacité de la bande passante transfrontalière sera portée à 100 Gbit/s, une performance inédite pour la région, soutenue par le lancement d'un corridor sécurisé entre Kribi et Kousseri, baptisé ''Clean Corridor''.

Autre point sensible, le contrôle de cette infrastructure critique. Pour la première fois, le Tchad pourra dès à présent installer ses propres équipements de surveillance sur le réseau de CAMTEL, afin d'assurer la transparence et la fiabilité du trafic acheminé. Les deux parties sont également convenues d'expulser du réseau les opérateurs non autorisés, régulièrement accusés de parasiter la bande passante partagée.

Si cette entente écarte le spectre d'une nouvelle coupure, elle ne règle pas tout. N'Djamena continue d'exiger une baisse significative des tarifs de transit et une amélioration de la qualité de service, notamment en matière de latence, encore trop élevée (entre 130 et 150 millisecondes selon les dernières mesures). CAMTEL s'est engagé à corriger cela dans les six prochains mois, sans plus de précision.

Les deux pays discutent également d'un projet d'itinérance commune pour faciliter le roaming transfrontalier, un sujet devenu pressant à cause des interférences fréquentes des réseaux camerounais dans les zones frontalières.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 19/05/25 17:10

SOYEZ LE PREMIER A REAGIR A CET ARTICLE

Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.

6UerWuVpxlWG9vusUeMK9kAa1zvr7do41VRA84dTavY False