Les biocarburants, longtemps présentés comme une alternative renouvelable aux carburants fossiles, voient leur croissance ralentir fortement. Leur consommation mondiale ne devrait augmenter que d'environ 0,9 % par an au cours de la prochaine décennie, selon l'OCDE, un rythme bien plus faible qu'auparavant. Ce fléchissement s'explique en grande partie par la montée en puissance des énergies solaires et autres renouvelables plus compétitives.
Dans les pays à revenus élevés, l'adoption rapide des véhicules électriques, alimentés souvent par de l'électricité issue de sources solaires et éoliennes, réduit la demande en carburants liquides, y compris les biocarburants. De plus, la baisse du soutien public à ces derniers freine leur développement. Par exemple, l'Union européenne anticipe même une diminution de l'usage des biocarburants, préférant accélérer la transition vers des énergies plus directes et durables.
Les biocarburants continuent toutefois de jouer un rôle dans certaines régions et secteurs, notamment aux États-Unis où une croissance modérée est attendue pour le gazole de biomasse dans les transports lourds et aéronautiques. Mais même là, le solaire et les autres renouvelables grignotent progressivement des parts de marché.
Dans les pays à revenus intermédiaires, comme le Brésil, l'Inde ou l'Indonésie, la demande en biocarburants devrait rester dynamique, portée par des besoins d'indépendance énergétique et des objectifs environnementaux. Pourtant, ces pays font aussi face à la compétition croissante des technologies solaires, moins gourmandes en ressources naturelles et plus faciles à déployer à grande échelle.
L'avenir des biocarburants repose aussi sur des technologies avancées, notamment les carburants d'aviation durables. Mais les investissements lourds nécessaires et la disponibilité limitée de matières premières durables constituent des obstacles majeurs, surtout face à la baisse continue des coûts du solaire et des batteries.
Sur le plan économique, la baisse des prix du pétrole a fait baisser ceux des biocarburants en 2024, mais leurs coûts de production restent élevés. Le soutien public reste donc indispensable, alors que l'énergie solaire continue de gagner en compétitivité et en popularité.
Qu'en est-il alors de la consommation globale de carburants liquide ?
Ce ralentissement pose une question plus large sur l'avenir des carburants liquides dans un contexte de transition énergétique. Dans les économies avancées, l'adoption rapide des véhicules électriques réduit la demande en carburants routiers, fossiles comme renouvelables. Cependant, un basculement total vers l'électrique reste improbable d'ici 2035 : la lenteur du renouvellement du parc automobile, les écarts d'infrastructures entre régions et la difficulté à électrifier certains secteurs (aviation, transport maritime, poids lourds) laissent une place importante aux carburants liquides. Selon l'Agence internationale de l'énergie, la demande mondiale de pétrole pourrait atteindre un plateau avant la fin de la décennie dans ses scénarios les plus ambitieux, mais rester soutenue si les alternatives ne montent pas en puissance assez vite. Pour les pays producteurs de pétrole, cette décennie représente donc un moment charnière : diversifier leurs économies ou risquer d'affronter un pic de demande plus tôt que prévu.
La Rédaction
Publié le 12/08/25 16:49