Les autorités nigériennes ont annoncé ce 8 août, la nationalisation de la Société des Mines du Liptako (SML SA), exploitant l'unique mine d'or industrielle du pays, située dans la région de Tillabéri, dans le Sud-Ouest du pays. L'ordonnance, signée par le général Abdourahamane Tiani, président de la République, marque une nouvelle étape dans la politique souverainiste du régime, qui vise à reprendre le contrôle intégral des ressources naturelles stratégiques.
Des engagements non tenus depuis 2019
En mai 2019, la société publique SOPAMIN avait cédé 80% des actions de la SML au groupe australien McKinel Resources Limited, à travers une convention qui prévoyait un ambitieux plan de relance. Ce plan incluait notamment un investissement indicatif d'au moins 10 millions de dollars, censé être détaillé dans les trois mois suivant la prise de contrôle. L'objectif visait à moderniser les installations, relancer la production et assurer la pérennité des emplois.
Six ans plus tard, le constat dressé par Niamey est sévère. Aucun plan d'investissement n'a été fourni, la production industrielle plafonne à 177 kg en 2023, l'endettement s'est aggravé, et les arriérés fiscaux et salariaux se sont accumulés. L'exploitation de la mine et de l'usine a été partielle, ponctuée d'arrêts répétés, entraînant licenciements massifs, retard de paiement des salaires, suspension des couvertures santé et vie, et rupture des cotisations à la sécurité sociale.
Une décision pour “sauver une entreprise stratégique”
Pour le gouvernement nigérien, la situation économique ‘'alarmante'' de la SML, conjuguée aux manquements contractuels, justifie une reprise en main directe. ‘'Au regard de ces manquements, dans l'optique de sauver cette entreprise hautement stratégique, l'État du Niger a pris la décision de nationaliser la SML SA'', stipule l'ordonnance présidentielle. Le communiqué précise que cette mesure s'inscrit ‘'dans la droite ligne de la vision du président de la République'', visant à ‘'favoriser l'appropriation intégrale par le peuple nigérien de ses ressources naturelles''. La SML détient actuellement deux permis d'exploitation : Samira Libiri (renouvelé en 2019 pour cinq ans) et Boulondjounga.
Voir aussi - Niger : L'Etat annonce la nationalisation de la société d'électricité, NIGELEC
Cette nationalisation s'ajoute à une série de décisions marquantes prises par Niamey ces derniers mois dans le secteur extractif. Mi-juin, la junte avait déjà nationalisé la Somaïr, filiale du groupe français Orano dans l'uranium, et ordonné le départ de travailleurs chinois du secteur pétrolier, reprochant à la CNPCNP (China National Petroleum Corporation Niger Petroleum) un ‘'mépris'' des réglementations. En parallèle, le Niger a suspendu l'exportation de pierres précieuses, semi-précieuses et de météorites, sauf dérogation spéciale, dans un effort pour mieux contrôler la valorisation locale de ses richesses minières.
Narcisse Angan
Publié le 09/08/25 15:07