C'est une page d'histoire qui se tourne au sein du conglomérat détenu par l'homme le plus riche d'Afrique. Aliko Dangote a officiellement quitté la présidence de Dangote Cement, pierre angulaire de son empire industriel. Mais derrière cette retraite, c'est une stratégie de succession bien orchestrée qui s'esquisse.
À 68 ans, Aliko Dangote a cédé la présidence du conseil d'administration de Dangote Cement Plc, la société qui a fait de lui un magnat mondial. C'est avec le ciment que le self-made-man nigérian a bâti son empire, avant de s'attaquer à des secteurs encore plus stratégiques, au premier rang desquels l'or noir. L'information a été rendu officielle le 19 juillet dernier, à travers un communiqué de Dangote Cement.
Son retrait se fait au profit d'Emmanuel Ikazoboh, ancien président du groupe bancaire panafricain Ecobank Transnational Inc., qui prend désormais la tête du conseil d'administration. Son profil est emblématique d'une gouvernance modernisée, alignée sur les standards internationaux. À ses côtés, Mariya Aliko Dangote, fille du milliardaire et diplômée en administration des affaires au Royaume-Uni, fait son entrée au conseil d'administration. Déjà membre de celui de Dangote Sugar Refinery Plc, elle poursuit discrètement son ascension au cœur du groupe familial.
Un empire ''cimenté'' dans la stratégie
Le ciment reste, malgré la montée en puissance de la Dangote Oil Refinery, le socle du groupe industriel. Avec des opérations en Afrique de l'Ouest et centrale, Dangote Cement domine le marché continental et représente encore une part significative de la richesse du groupe. C'est cette solidité qui a permis à Aliko Dangote d'oser l'audace, notamment celle de construire en onze ans la plus grande raffinerie de pétrole d'Afrique, pour un coût estimé à 20 milliards de dollars.
Le pari commence à porter ses fruits. En quelques mois, la fortune du magnat a presque doublé, atteignant 28,5 milliards de dollars selon l'indice Bloomberg Billionaires. Ce bond confirme une conviction profonde chez Dangote : ‘'l'industrialisation africaine ne peut attendre, et elle doit être portée par des champions africains intégrés sur l'ensemble de la chaîne de valeur.''
L'héritage Dangote
Ce retrait n'est donc pas une sortie. Il ressemble davantage à une mutation du leadership, orchestrée à la manière des grandes dynasties industrielles occidentales. Mais ici, le scénario est africain : transmission générationnelle maîtrisée, ancrage national fort, expansion continentale et diversification sectorielle.
La présence de Mariya Aliko Dangote au conseil d'administration n'est pas seulement symbolique. Elle annonce une transition générationnelle stratégique, où la nouvelle garde est appelée à consolider les acquis tout en explorant de nouveaux territoires industriels, notamment dans la technologie, l'agro-industrie ou la finance durable.
Au-delà du destin personnel d'un capitaine d'industrie, l'évolution du groupe Dangote esquisse une nouvelle forme de capitalisme africain. Fondée sur des piliers solides (infrastructures, matières premières, transformation locale), portée par une ambition régionale affirmée et désormais pensée sur le temps long, la ‘'méthode Dangote'' pourrait inspirer d'autres conglomérats africains.
La Rédaction
Publié le 28/07/25 10:01