Sébastien Lecornu, nouveau premier ministre français
A peine installé à Matignon, Sébastien Lecornu imprime sa marque. En effet, le nouveau premier ministre français a annoncé ce 15 septembre, la suppression des derniers avantages “à vie” dont bénéficiaient les anciens membres du gouvernement. Une décision hautement symbolique, qui entrera en vigueur dès le 1er janvier 2026, et qui vise à répondre à une demande récurrente d'exemplarité dans la gestion des deniers publics. Ainsi, les 17 anciens premiers ministres encore concernés verront leur situation alignée sur les nouvelles règles.
La fin de la voiture avec chauffeur “à vie”
Mesure phare du décret signé par le premier ministre : la suppression de la voiture de fonction avec chauffeur accordée à vie aux anciens premiers ministres. Désormais, cet avantage ne sera plus automatique et ne sera maintenu que pour une période limitée.
La protection policière, jusque-là octroyée sans limite de temps, sera-t-elle aussi restreinte. Elle ne sera accordée aux ex-chefs du gouvernement et aux anciens ministres de l'Intérieur que pour une durée déterminée, reconductible uniquement “en fonction de la réalité du risque”. En revanche, le secrétariat particulier attribué aux anciens premiers ministres reste maintenu, mais dans son format déjà encadré depuis 2019. Dix ans maximums et uniquement jusqu'à 67 ans.
Une réforme plus symbolique que budgétaire
Le coût annuel de ces privilèges pour les anciens premiers ministres, selon les chiffres du gouvernement, représentait environ 4,4 millions d'euros, soit environ 2,9 milliards FCFA, en 2019, dont 1,6 million pour les chauffeurs et secrétariats, et 2,8 millions pour la protection policière. En 2024, la facture directe des avantages hors sécurité atteignait 1,58 million d'euros. Des sommes modestes rapportées aux 44 milliards d'euros d'économies que l'exécutif ambitionne pour 2026, mais politiquement lourdes.
‘'S'il est normal que la République protège les personnes faisant l'objet de menaces, il n'est en revanche pas concevable qu'ils puissent bénéficier d'avantages à vie en raison d'un statut temporaire'', a justifié Sébastien Lecornu dans un message publié sur X.
Pour Sébastien Lecornu, qui avait déjà fait un geste en annulant la suppression de deux jours fériés prévue par son prédécesseur François Bayrou, l'enjeu est d'envoyer un signal à l'opinion. À l'heure où l'exécutif demande des efforts budgétaires aux Français, mettre fin à des privilèges considérés comme anachroniques, vise à rétablir une forme de justice symbolique.
Mesure draconienne suite à la dégradation de la note par Fitch
Cette dernière mesure est liée à la dégradation de la note financière de Paris par Fitch. En effet, l'agence de notation américaine a abaissé le 12 septembre dernier, la note souveraine de la France de AA- à A+, sanctionnant à la fois l'état préoccupant des finances publiques et la crise politique qui secoue le pays.
La deuxième économie de la zone euro n'offre plus les garanties d'une gestion budgétaire solide. Sa dette publique a franchi les 3 300 milliards d'euros (21 646 581 milliards FCFA), soit près de 114% du PIB, un ratio supérieur à la moyenne européenne et loin de la limite de 60% fixée par Maastricht (norme de l'Union européenne).
Le déficit, attendu à 5,4% du PIB en 2025, restera selon Fitch au-dessus de 5% au moins jusqu'en 2027. Et contrairement aux ambitions du gouvernement sortant, il paraît illusoire de ramener ce ratio sous les 3% avant 2029. ‘'La fragmentation politique et la polarisation croissante affaiblissent la capacité du système à mettre en œuvre une consolidation budgétaire crédible'', avait souligné l'agence américaine dans son communiqué.
Narcisse Angan
Publié le 16/09/25 11:57