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Au Niger, l'armée a annoncé, dans la nuit du mercredi 26 juillet, avoir renversé le président Mohamed Bazoum, au pouvoir depuis avril 2021. Les auteurs du Coup d'Etat justifient leur actions par ‘‘la dégradation continue de la situation sécuritaire et la mauvaise gouvernance économique et sociale''.
Le colonel-major Amadou Abdramane, entouré de neuf autres militaires en tenue, a déclaré à la télévision nationale que toutes les institutions de la République étaient suspendues et que les frontières terrestres et aériennes étaient fermées "jusqu'à la stabilisation de la situation". Le groupe se fait appeler le CNSP (Conseil national pour la sauvegarde de la Patrie).
"Toutes les institutions issues de la 7e République sont suspendues, les secrétaires généraux des ministères se chargeront de l'expédition des affaires courantes, les Forces de défense et de sécurité gèrent la situation, il est demandé à tous les partenaires extérieurs de ne pas s'ingérer", ont martelé les militaires à la télévision.
Pour l'heure, la situation reste tout de même assez floue dans le pays. Le chef de la diplomatie nigérienne, Hassoumi Massaoudou, qui s'est exprimé ce jeudi matin sur France 24, comme chef du gouvernement par intérim, conteste l'affirmation de l'armée. En outre, un tweet du président a appelé, à protéger les acquis démocratique du pays. ‘‘Les acquis obtenus de haute lutte seront sauvegardés. Tous les Nigériens épris de démocratie et de liberté y veilleront'', a publié Mohamed Bazoum.
Impact sur l'économie du pays
Selon les prévisions de la Banque mondiale, après une croissance du PIB de 1,4% en 2021, la croissance économique en 2022 est ressortie à 11,5%. La production agricole a ainsi augmenté de 27%, grâce à une saison des pluies meilleure que la moyenne et à l'expansion de la production irriguée, qui a plus que compensé le repli de l'industrie minière et manufacturière. Dans le même temps, le secteur des services a bénéficié de la politique budgétaire expansionniste et de la construction de l'oléoduc, qui a stimulé les services de marché et les transports.
En 2023, la croissance réelle du PIB devrait se chiffrer à 6,9%, et pour ensuite repasser la barre symbolique d'une croissance à deux chiffres en 2024 pour atteindre 12,5%. Cette forte croissance devrait être tirée par la production et des exportations pétrolières à grande échelle, également par le soutien continu des donateurs et un programme de réforme économique visant à stimuler la productivité globale et à renforcer la gouvernance économique.
Pour rappel, dès son accession au pouvoir, Mohamed Bazoum a lancé un ambitieux programme de gouvernance pour la période 2021-2026 doté d'une enveloppe de 13 800 milliards FCFA. Ce programme quinquennal, appelé “Renaissance Acte 3”, est une continuité des programmes “Renaissance Acte 1 et 2” de son prédécesseur, le président Issoufou Mahamadou. Renaissance Acte 3 porte essentiellement sur le renforcement de six domaines de gouvernance, à savoir la gouvernance sécuritaire, la gouvernance politique, la gouvernance juridique et judiciaire, la gouvernance économique, la gouvernance administrative et la gouvernance locale.
Notons qu'en plus de marquer un coup d'arrêt pour le programme Renaissance Acte 3, ce changement anticonstitutionnel à la tête du pays, pourrait avoir un impact sur l'économie nigérienne. A court terme ce coup d'État pourrait placer le pays sahélien sous sanctions économiques des organisations régionales comme ses voisins du Mali et du Burkina Faso, si la situation perdure. Cette situation pourrait induire une crise humanitaire multifactorielle, avec une augmentation des prix des denrées alimentaires et une augmentation de la pauvreté dans le pays.
Impact sur la lutte contre le terrorisme dans le Sahel
Ce coup d'Etat pourrait assurément avoir un impact sur la lutte contre le terrorisme au Sahel. En effet, Niamey réunit, sur son territoire, la plupart des forces étrangères venues renforcer la lutte contre les groupes jihadistes dans le pays et dans la région du Sahel.
Le Parlement nigérien a adopté, le 22 avril 20221, un projet de loi autorisant le redéploiement des forces spéciales européennes Takuba, jusqu'alors basées au Mali, sur le sol nigérien. En plus d'une partie des quelques 2 400 soldats français de l'opération Barkhane et des 900 forces spéciales européennes Takuba, l'UE a également établi une mission de partenariat militaire pour soutenir le Niger dans sa lutte contre le terrorisme.
On note cependant que cette initiative n'est pas du goût de tous les élus, et une partie de l'opposition et de la société civile avaient déjà dénoncé l'influence croissante des forces étrangères et en particulier celle de la France. Les changement de l'ordre constitutionnel occasionné par ce putsch pourrait servir de terreau pour une nouvelle contestation populaire de cette présence étrangère.
Réactions de la communauté internationale
Cette tentative de prise de pouvoir suscite de vives réactions de la part de la communauté internationale. Le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a fermement condamné cette tentative de prise de pouvoir au Niger. La CEDEAO (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) a également condamné la ‘‘tentative de coup d'État'' en appelant les officiers retenant le président Bazoum à le libérer immédiatement. Le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki, a estimé qu'il s'agissait d'une ‘‘tentative de coup d'État''.
Dernière évolution
Alors qu'on aurait pu penser à une situation confuse, l'armée nigérienne, à travers son état-major, a annoncé en fin de matinée de ce jeudi, qu'elle se ralliait au nouveau régime militaire qui s'est installé au pouvoir, scellant ainsi définitivement le sort du désormais ex-président Mohamed Bazoum.
Depuis 2020, il y a eu trois coups d'État dans la zone CEDEAO. Le Mali a connu deux coups d'État, puis la Guinée. Bien que la CEDEAO ait vigoureusement réagi à ces coups d'État, cela n'a pas empêché un nouveau putsch au Burkina Faso. Ce renversement du président du Niger fait du pays le quatrième de la région en moins de trois ans.
Les acquis obtenus de haute lutte seront sauvegardés.
— Mohamed Bazoum (@mohamedbazoum) July 27, 2023
Tous les nigériens épris de démocratie et de liberté y veilleront.#MB
Le tweet de Mohamed Bazoum posté ce jeudi 27 juillet à 4h40.
Jean-Marc Gogbeu
Publié le 27/07/23 10:57
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