RD Congo : La France active ses réseaux pour sécuriser un accès aux minerais critiques

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Le 7 juillet prochain, la branche internationale du Mouvement des entreprises de France (MEDEF International) organise une réunion de travail à Paris autour de Kizito Pakomba Kapinga, ministre des Mines de la République démocratique du Congo (RDC). Cette rencontre s'inscrit dans une volonté affirmée de mieux positionner les entreprises françaises sur le marché des minerais critiques, à un moment où les États-Unis renforcent leur ancrage dans la région et où la Chine conserve une avance structurelle.

A en croire le Medef, depuis la visite officielle du président Félix Tshisekedi à Paris en 2024, les échanges bilatéraux entre la France et la RDC dans les secteurs industriels et extractifs son en cours de réactivation. Cette nouvelle réunion, organisée par la task force " Matériaux critiques " du MEDEF, " vise à offrir un cadre de dialogue direct entre les entreprises françaises et le gouvernement congolais ", autour de quatre objectifs. Ce patronat français cite notamment la compréhension du secteur minier, l'identification des opportunités, la valorisation des solutions françaises et les échanges avec les autorités locales.

Le secteur minier reste en 2024 l'un des principaux moteurs de l'économie congolaise, avec des exportations dominées par le cuivre, le cobalt, l'or, le diamant, l'étain et le tantale. Il a représenté près de 41 % des recettes publiques et 6 % du PIB, selon les données officielles. " Pour autant, la présence française dans l'exploitation directe des ressources demeure marginale, dans un environnement concurrentiel marqué par la montée en puissance des acteurs chinois ", souligne l'organisation.

L'offensive américaine  

La tenue de cette réunion intervient dans un contexte diplomatique évolutif. Le 18 juin 2025 à Washington, la RDC et le Rwanda ont paraphé un accord de paix sous la médiation du secrétaire d'État américain Marco Rubio, en vue d'une signature officielle le 27 juin. Ce texte, qui prévoit notamment le désarmement de groupes armés non étatiques, ambitionne de stabiliser durablement l'Est du pays, où se situent d'importantes réserves de minerais stratégiques.

Selon des éléments relayés par Reuters, un volet économique figure dans ce projet d'accord, avec la promesse de nouveaux investissements internationaux en RDC, destinés à favoriser le développement comme levier de stabilité.

Début mai, la société américaine KoBold Metals, spécialisée dans l'exploration via l'intelligence artificielle, a annoncé un investissement supérieur à un milliard de dollars pour acquérir les droits du projet de lithium de Manono, dans le sud-est de la RDC. KoBold a signé un accord-cadre avec la société australienne AVZ Minerals, en vue de débloquer ce gisement stratégique estimé à 842 millions de tonnes de ressources. L'opération reste conditionnée à la résolution d'un contentieux juridique opposant AVZ à la société publique congolaise Cominière et à son partenaire chinois Zijin Mining.

L'initiative s'inscrit dans une stratégie plus large de sécurisation des ressources nécessaires à la transition énergétique. Le lithium, le cobalt et le cuivre sont des intrants clés pour les batteries électriques, et leur contrôle revêt un intérêt économique et technologique accru pour les États-Unis, qui cherchent à réduire leur dépendance vis-à-vis des raffineries chinoises.

Sur le terrain, la Chine reste l'acteur dominant du secteur minier congolais. Selon les données compilées par le Centre national de coopération au développement, elle détient la majorité des concessions minières du pays, issues pour la plupart de la restructuration du portefeuille de la société publique Gécamines. Ces positions ont été acquises auprès de sociétés occidentales et africaines, et consolidées dans des joint-ventures à participation majoritaire chinoise.

En aval, la Chine contrôle plus de 60 % du raffinage mondial du cobalt et 40 % du traitement du cuivre, ce qui lui confère un levier important dans la chaîne de valeur globale. Cette maîtrise technique et industrielle s'ajoute à une capacité financière offensive, facilitant les rachats d'actifs et les partenariats d'infrastructure.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 25/06/25 15:05

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