La République démocratique du Congo (RDC) se trouve à un carrefour décisif. Portée par une croissance économique soutenue, mais toujours confrontée à de profondes inégalités sociales, le pays est invité à revoir en profondeur sa politique d'incitations fiscales. C'est l'une des principales recommandations formulées par la Banque mondiale dans son dernier rapport économique sur la RDC, publié ce 28 juillet.
Intitulé ‘'Réévaluation des incitations fiscales : un déficit de croissance et d'équité promis'', le rapport analyse les dynamiques macroéconomiques du pays et met en lumière les limites de la politique actuelle d'exonérations fiscales, dont le coût pour l'économie congolaise devient de plus en plus difficile à justifier.
Avec un taux de croissance du PIB de 6,5% en 2024, la RDC demeure l'une des économies les plus dynamiques d'Afrique, stimulée en grande partie par la vigueur de son secteur minier, notamment le cuivre et le cobalt. Toutefois, ce rythme, bien qu'impressionnant, marque un léger ralentissement par rapport à la moyenne de 7,9% enregistrée entre 2021 et 2023. Mais derrière ces chiffres se cache une autre réalité, à savoir que la croissance ne profite pas encore pleinement à la population. La pauvreté reste omniprésente, les créations d'emplois sont insuffisantes et les écarts sociaux se creusent.
Un potentiel économique encore sous-exploité
La Banque mondiale salue néanmoins les efforts du gouvernement pour maintenir la stabilité macroéconomique, notamment par une gestion budgétaire rigoureuse et l'abandon du financement monétaire des déficits. L'inflation, bien que toujours élevée, est passée à 8,6% en juin 2025, offrant une marge de manœuvre pour des réformes structurelles plus profondes. C'est dans ce contexte que le rapport s'attaque à l'épineuse question des incitations fiscales, considérées comme un frein à la mobilisation des ressources internes.
Selon les données du rapport, les incitations fiscales représentent un manque à gagner estimé à 5% du PIB, soit un tiers des recettes fiscales du pays. A titre de comparaison, ce chiffre équivaut à trois fois le budget du secteur de la santé. Pire encore, ces allègements fiscaux ne semblent pas profiter de manière significative aux ménages vulnérables. Avec des recettes fiscales représentant seulement 12,5% du PIB, la RDC reste en deçà de la moyenne régionale de 16% en Afrique subsaharienne. Une situation qui limite la capacité de l'Etat à financer des services publics essentiels et à investir dans les infrastructures de base.
C'est ainsi que l'institution de Bretton Woods recommande principalement une simplification de la politique fiscale, une harmonisation des taux d'imposition, un remplacement des exonérations fiscales basées sur les bénéfices par des incitations fondées sur les coûts réels, un renforcement de la transparence et l'évaluation régulière de ces dispositifs.
Narcisse Angan
Publié le 29/07/25 09:40