Les États-Unis intensifient leurs efforts diplomatiques pour mettre fin à la crise sécuritaire dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Selon un projet d'accord consulté par l'agence de presse Reuters et confirmé par plusieurs sources diplomatiques, Washington compte peser de tout son poids pour qu'aucun accord de paix ne soit signé sans un retrait préalable des troupes rwandaises présentes sur le sol congolais.
L'engagement des Etats-Unis pour la résolution de cette crise sécuritaire se fait plus incisive depuis la réélection de Donald Trump à la maison blanche. Son administration ne cache plus ses ambitions qui se résument pour l'essentiel, à favoriser la paix dans cette région instable, mais aussi de créer les conditions propices à l'arrivée d'importants investissements occidentaux et ainsi concurrencer la Chine qui est fortement installée depuis de nombreuses années dans le pays. L'est du Congo regorge en effet de minerais stratégiques, tels que le cobalt, le cuivre, l'or, le lithium ou encore le tantale, essentiels à l'industrie technologique mondiale.
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Selon les informations rapportées par Reuters, le document préparé par des responsables américains exige explicitement que Kigali retire ses troupes, équipements et armes du territoire congolais. Cette condition, jugée non négociable par Kinshasa, intervient alors que les autorités congolaises accusent le Rwanda d'appuyer militairement la rébellion du M23, qui a conquis en 2024 plusieurs zones clés de la province du Nord-Kivu.
Le Rwanda, de son côté, continue de nier tout soutien au M23. Kigali affirme que ses forces armées n'opèrent qu'en légitime défense contre les milices hutues rwandaises, encore actives dans l'est congolais, héritières du génocide de 1994. Or, selon plusieurs analystes cités par Reuters, ces groupes – notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) – ne représenteraient plus aujourd'hui une menace significative.
Un calendrier diplomatique ambitieux
Massad Boulos, conseiller Afrique de Donald Trump, a confié à Reuters en mai que les États-Unis espéraient parvenir à un accord ''d'ici environ deux mois''. Un objectif ambitieux, compte tenu de la complexité d'un conflit enraciné dans l'histoire politique et ethnique de la région depuis près de trois décennies.
Le projet d'accord américain va bien au-delà du cadre posé en avril dernier par une déclaration de principes, cosignée à Washington par les chefs de la diplomatie rwandaise et congolaise, sous les auspices du secrétaire d'État Marco Rubio. Ce document évoquait un engagement mutuel à respecter la souveraineté et l'intégrité territoriale de chaque pays. Désormais, Washington veut traduire ces engagements en mesures concrètes, à commencer par un retrait militaire rwandais.
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Pour Kigali, l'exigence américaine pourrait se heurter à des considérations sécuritaires jugées non négociables. ''Le Rwanda voit certains groupes armés présents au Congo comme une menace existentielle'', rappelle une source diplomatique citée par Reuters. Cette position pourrait compliquer l'adhésion du gouvernement de Paul Kagame au projet d'accord.
Interrogé par Reuters, le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a indiqué que des experts des deux pays devaient se retrouver cette semaine à Washington pour poursuivre les discussions.
De son côté, Kinshasa ne cache pas son impatience. Un haut responsable du cabinet du président Félix Tshisekedi a déclaré à Reuters que Kigali ''fait traîner les choses'' et a réaffirmé la position congolaise. ''Nous exigeons le retrait total des troupes rwandaises comme condition préalable à la signature de l'accord, et nous ne ferons aucun compromis.'', a-t-il déclaré.
Autre point sensible du projet d'accord, l'intégration du M23 au dialogue national en RDC, ''sur un pied d'égalité avec les autres groupes armés non étatiques''. Une concession politique majeure que Kinshasa pourrait difficilement avaliser, tant le M23 est perçu comme un groupe terroriste à la solde du Rwanda.
En parallèle, des pourparlers directs entre Kinshasa et le M23 sont en cours, sans résultats tangibles à ce jour. Selon Reuters, un responsable du mouvement rebelle a indiqué qu'aucun progrès réel n'avait été accompli sur la question du retrait de ses forces des territoires conquis.
Au-delà de la stabilisation régionale, cet accord revêt une importance stratégique sur le plan économique. En ramenant la paix dans une région riche en ressources critiques, les États-Unis visent à sécuriser les chaînes d'approvisionnement mondiales pour des industries aussi diverses que la mobilité électrique, les télécommunications ou l'aéronautique.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 10/06/25 14:25
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