Sommet Etats-Unis – Afrique : Donald Trump invite cinq pays africains à Washington

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C'est un virage à haute intensité géopolitique. Du 9 au 11 juillet 2025, le président américain Donald Trump accueillera à Washington cinq chefs d'État africains (Gabon, Guinée-Bissau, Libéria, Mauritanie et Sénégal) pour un sommet inédit centré sur le commerce, les investissements et la sécurité. Derrière les déclarations protocolaires sur les ‘'opportunités commerciales mutuelles'', c'est une nouvelle doctrine américaine vis-à-vis de l'Afrique qui se dessine : exit l'aide humanitaire, place au deal.

Le message est clair, l'Afrique n'est plus perçue comme un continent à assister, mais comme un marché à conquérir, à condition qu'il s'aligne sur les intérêts américains. Une approche que Trump n'a jamais cachée, fidèle à son mantra du ‘'America First''.

Un sommet économique sous haute tension tarifaire

Ce sommet intervient dans un contexte tendu. Washington a menacé d'imposer des droits de douane massifs sur plusieurs exportations africaines, jusqu'à 50% pour certains pays, comme le Lesotho, et 30% pour l'Afrique du Sud. Le Kenya, le Ghana, la Côte d'Ivoire ou l'Éthiopie ne sont pas épargnés non plus. Officiellement, cette mesure s'inscrit dans la volonté de Trump d'instaurer un ‘'commerce réciproque'', mais elle sème la panique dans les capitales africaines, alors que la période de grâce de 90 jours accordée pour négocier touche à sa fin.

Les dirigeants africains invités à Washington devraient donc profiter de leur présence pour plaider l'exemption ou au moins une suspension prolongée de ces mesures douanières, qui pourraient gravement nuire à leurs économies, notamment les filières textiles et agricoles.

Une stratégie transactionnelle assumée

Contrairement aux administrations précédentes (Bush, Obama, Biden), Donald Trump revendique une approche strictement bilatérale et pragmatique de la relation Afrique–États-Unis. Fini le langage de la solidarité et du développement à long terme, désormais, ce sont les accords commerciaux signés, les projets cofinancés et les bénéfices mutuels qui serviront d'indicateurs de performance.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a résumé cette ligne dure : ‘'Nous donnerons la priorité aux pays qui démontrent leur capacité et leur volonté de s'aider eux-mêmes''. Les ambassadeurs américains en Afrique seront d'ailleurs désormais notés sur les contrats commerciaux qu'ils réussissent à négocier. Une logique de retour sur investissement diplomatique inédite.

Un changement de paradigme risqué mais assumé

Pour Trump, il s'agit de redéfinir les rapports entre les États-Unis et l'Afrique selon une logique de partenariat gagnant-gagnant, mais selon les règles américaines. Loin des programmes multilatéraux ou des aides sans contrepartie, l'administration Trump parie sur un continent africain plus mature, plus responsable et plus ouvert à l'économie de marché.

Mais cette stratégie n'est pas sans risques. Elle pourrait fragiliser les pays les plus vulnérables, qui ne disposent pas de l'infrastructure économique pour répondre aux exigences commerciales américaines. En outre, elle offre une ouverture stratégique à la Chine, dont la politique africaine reste centrée sur le financement massif d'infrastructures sans condition politique immédiate. Elle met enfin sous pression les dirigeants africains, qui doivent composer entre les exigences de leurs opinions publiques et les conditions parfois strictes imposées par Washington.

Un sommet pour quelques élus, une leçon pour tout le continent

Le choix des cinq pays invités, à savoir le Gabon, la Guinée-Bissau, le Libéria, la Mauritanie et le Sénégal n'est pas anodin. Il s'agit de pays considérés comme stables, diplomatiquement conciliants, et disposés à nouer des accords économiques rapides. Mais ce format restreint envoie aussi un message implicite qui est le fait que l'Afrique ne sera plus traitée comme un bloc homogène, mais au cas par cas, selon la rentabilité stratégique de chaque relation bilatérale.

Ce sommet pourrait marquer un tournant dans la relation entre l'Afrique et les États-Unis. Moins de promesses globales, plus de contrats ciblés. Moins d'aide publique, plus de pression commerciale. Ce réalignement géoéconomique, s'il est bien négocié, pourrait déboucher sur des partenariats dynamiques. Mais il impose aux dirigeants africains une nouvelle posture, celle de négociateurs exigeants, stratégiques et unis, dans un monde où la diplomatie est de plus en plus une affaire de marchés.

La Rédaction

Publié le 03/07/25 08:50

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