L'agence américaine S&P Global Ratings a confirmé ce 25 juillet 2025 la note souveraine de la République du Congo à ‘CCC+/C', avec une perspective stable. La décision concerne aussi bien la dette en devises locales qu'étrangères, à court et long termes.
Dans sa dernière évaluation, l'agence de notation justifie le maintien de cette note par la capacité du pays à produire des excédents budgétaires dans un contexte financier contraint. " Le Congo parvient à générer des excédents primaires malgré un calendrier d'amortissement resserré et un accès limité aux financements ", écrit S&P.
L'agence prévient néanmoins que le pays reste exposé à des tensions de liquidité. Elle estime que le service de la dette publique pourrait atteindre 13 % du PIB en 2025, dont 8% en titres de court terme. Une charge jugée lourde, qui pourrait fragiliser la capacité de remboursement du pays.
En matière de gouvernance de la dette, S&P note certains progrès. " Le pays a entrepris d'améliorer ses pratiques de gestion de la dette à travers une transparence accrue et la création d'une base de données unifiée pour les opérations d'endettement ", observe l'agence. Mais elle rappelle aussi que " le Congo continue d'accumuler des arriérés envers des créanciers non commerciaux ", et évoque un échange de dette jugé en difficulté (distressed debt exchange) en octobre 2024 sur le marché régional.
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Du côté macroéconomique, la croissance annuelle est attendue à 3,2% entre 2025 et 2028, freinée par une stagnation de la production pétrolière autour de 270 000 barils par jour. S&P explique cette situation par " des problèmes techniques, des retards de maintenance et un niveau d'investissement insuffisant ", malgré les projets annoncés par Total et Perenco.
Le secteur non pétrolier, quant à lui, devrait croître à un rythme de 4% par an. L'agence souligne aussi l'effet positif attendu du remboursement des arriérés internes sur l'économie nationale, relevant que " l'engagement du gouvernement à rembourser les fournisseurs et les caisses sociales pourrait soutenir la confiance économique. "
Sur le plan budgétaire, S&P prévoit que le Congo maintiendra des excédents jusqu'en 2028. Toutefois, ceux-ci devraient se réduire progressivement, de 5,3% du PIB en 2024 à 0,3% en 2028, dans un contexte de repli des cours du pétrole, projetés à 65 dollars le baril entre 2026 et 2028, contre 80 dollars en 2024.
La dette nette de l'État devrait passer de 93% du PIB en 2024 à 73% en 2028, sans atteindre l'objectif de 70% fixé par la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC).
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Dans un communiqué publié le même jour, le ministère congolais des Finances a pris acte de la décision de l'agence et y voit un signal encourageant. Le ministre Christian Yoka déclare que " la réduction progressive de l'endettement public et la formation d'excédents budgétaires primaires prévus jusqu'en 2028 sont en particulier salués par l'agence internationale. "
Le gouvernement affirme poursuivre ses efforts pour améliorer la gouvernance financière, citant " la digitalisation des procédures fiscales, douanières et portuaires, l'optimisation de la gestion du portefeuille public, [et] la mise en place d'outils modernes pour une gestion proactive de la trésorerie de l'État. "
Enfin, les autorités appellent les investisseurs à accompagner cette dynamique. " Le Gouvernement invite les acteurs économiques nationaux et internationaux à saisir les nouvelles opportunités d'investissement afin de bâtir ensemble un avenir attractif, durable et inclusif. "
S&P conclut en précisant que la note pourrait être abaissée si les tensions de liquidité s'intensifient, ou si le pays restructure ses dettes commerciales. À l'inverse, une amélioration de la notation pourrait intervenir si " les pressions de liquidité diminuent grâce à un meilleur accès au financement, une gestion de la dette renforcée et des progrès en matière de transparence. "
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 28/07/25 13:46