S&P dégrade la note du Congo après l’annonce d’un reprofilage de la dette intérieure

BRVMC0000000 - BRVMC
La BRVM Ouvre dans 51h9min

Dans sa nouvelle estimation du risque de crédit du Congo publiée le 30 octobre 2024, Standard & Poor's a abaissé d'un cran la note du pays pour ses émissions obligataires de longue maturité en devise, la faisant passer de "B-" à "CCC+". Concernant les emprunts en monnaie locale, l'agence de notation s'est montrée plus sévère en rétrogradant de 4 crans le Congo ; de "B-" à "CC", situé deux paliers seulement au-dessus du défaut de paiement. Les perspectives adossées à ces notations "négatives".

La décision de S&P intervient deux semaines après que le gouvernement congolais ait lancé le Programme national d'optimisation de la trésorerie (PNOT) qui propose aux investisseurs d'allonger les maturités sur les obligations domestiques du pays. L'encours des titres publics du Congo à fin septembre s'élevait à 2 314 milliards FCFA (environ 4 milliards de dollars US), pour une maturité moyenne de 3 ans. Le gouvernement cherche donc à échanger cette dette contre de nouvelles obligations avec des échéances plus longues (jusqu'à 10 ans), des coupons et un principal similaires.

Voir aussi : Congo : Le FMI salue l'initiative du Programme National d'Optimisation de la Trésorerie

Si la réussite de ce programme permettra au Congo d'améliorer son calendrier d'amortissement et d'alléger la pression sur les finances publiques, son échec mettrait le pays dans une situation difficile. Avec 62,7% (1 451 milliards FCFA) du montant qui doit être remboursé d'ici la fin de l'année 2026 et des options de refinancements limités, S&P redoute "un risque élevé de défaillance". "Nous pensons également que les conditions de l'échange seront probablement moins favorables aux investisseurs que celles des émissions initiales". 

Voir aussi : Congo : 200 milliards FCFA d'économies en 2025 grâce au rééchelonnement de la dette

Même si ce risque ne concerne que les obligations intérieures, l'agence britannique de notation dit avoir abaissé la note sur les emprunts en devise "à cause des pressions sur les liquidités du pays". Elle prévoit d'enfoncer davantage le clou à Brazzaville si le gouvernement étend cette restructuration à sa dette commerciale en devises.

Avec une dette publique projetée à 94,5% du PIB en 2024 selon le FMI, et un service de la dette qui absorbe plus de 60% des recettes intérieures, le Congo a éprouvé cette année des difficultés à respecter ses échéances sur le marché intérieur. En mai 2024, le gouvernement a retardé le remboursement de deux obligations du Trésor à long terme d'une valeur de 630 millions FCFA. Au mois d'août, le pays a enregistré un nouveau retard sur deux obligations d'un montant de 30,6 milliards FCFA. Pour justifier cet incident, le gouvernement a évoqué des "problèmes techniques" mais en début du mois d'octobre, au moment de la présentation du projet de loi de finances 2025, Ludovic Ngatse, ministre du Budget et des Comptes publics, a avoué que la Trésorerie du pays était "plutôt tendue", évoquant "une gestion complexe des arriérés intérieurs et extérieurs".

Cédrick JIONGO

La Rédaction

Publié le 05/11/24 11:10

SOYEZ LE PREMIER A REAGIR A CET ARTICLE

Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.

k0wEJfr3Si7w-k3AXjyvRgQH_gBQrdmL8VvmwIX0d2M False