Un géant asiatique prêt à concurrencer Eramet sur le manganèse gabonais

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Le monopole du groupe français Eramet dans la transformation du manganèse gabonais pourrait bientôt être bousculé. Un nouvel acteur venu d'Asie, Asia Minerals Limited (AML), affiche son intention de s'implanter dans le pays avec un ambitieux projet industriel.

Tout a commencé le 23 juillet, lorsque le vice-président du gouvernement gabonais, Alexandre Barro Chambrier, a entamé une mission officielle au Japon. Cette visite de travail avait pour but d'attirer de nouveaux investisseurs dans les secteurs jugés stratégiques par Libreville, au premier rang desquels figure la transformation locale des ressources minières.

Le 28 juillet, à Tokyo, la délégation gabonaise a tenu deux rencontres. La première, avec l'Association japonaise de l'économie africaine et du développement (AFRECO), s'est soldée par la signature d'une lettre d'intention pour renforcer la coopération économique, notamment dans les infrastructures, l'agro-industrie et les énergies renouvelables.

Mais c'est surtout la seconde réunion, avec Asia Minerals Limited, qui a retenu l'attention. Fondée en 1993 à Hong Kong, AML est un acteur majeur du secteur du manganèse, présent sur toute la chaîne de valeur. De l'extraction à la transformation en passant par les ferro-alliages et la production de métaux et de produits chimiques. Le groupe exploite notamment une fonderie de 220 000 tonnes par an en Malaisie et une mine en Afrique du Sud capable de produire deux millions de tonnes annuellement.

À l'issue de cette rencontre, AML a donné son accord de principe pour rection d'une unité de transformation au Gabon. A en croire le compte-rendu de cette rencontre, ventilée sur les supports officiels de communication du gouvernement, une mission technique est attendue dans le pays dans les prochains jours pour examiner les sites et définir les paramètres techniques du projet.

Le 4 août 2025, à son retour de mission, Alexandre Barro Chambrier a reçu à Libreville l'ambassadeur du Japon et le président d'AML, en présence des ministres gabonais de l'Énergie, des Mines, de l'Industrie et des Transports. Cette rencontre, a-t-on appris, marque le lancement d'un cycle de discussions destiné à préciser les contours du projet susmentionné.

Ce dernier intervient alors que le Gabon a décidé de changer les règles du jeu. À partir du 1er janvier 2029, l'exportation de manganèse brut sera interdite. Toute production devra être traitée sur le territoire national. Cette réforme vise à capter davantage de valeur ajoutée localement, à créer des emplois et à renforcer la position du pays comme pôle industriel régional.

Eramet, qui a produit 6,8 millions de tonnes en 2024 via sa filiale Comilog, a déjà pris les devants. Le groupe prévoit de transformer localement au moins deux millions de tonnes par an et promet plus de 16 000 emplois directs et indirects. Il prévoit également de rapatrier une partie de ses flux financiers, d'installer son siège social au Gabon et de nationaliser progressivement certains postes de direction.

Mais pour Eramet comme pour tout nouvel investisseur, les défis sont connus. Un approvisionnement en énergie fiable, des infrastructures ferroviaires et portuaires adaptées, et un effort massif de formation technique pour la main-d'œuvre locale.

Si AML confirme son implantation, la concurrence dans la transformation locale du manganèse gabonais pourrait s'intensifier. Une évolution qui, selon les autorités, renforcerait l'attractivité du pays et accélérerait sa transition vers un modèle industriel moins dépendant des exportations brutes.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 05/08/25 10:39

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