USA : Une surtaxe de 10 % à tout pays s’alignant sur les politiques anti‑américaines des BRICS

C'est par un message publié dans la soirée de ce 6 juillet, sur la plateforme Truth Social, et relayé par plusieurs sources internationales, que le président américain Donald Trump a placé la barre encore plus haut, dans la guerre commerciale qu'il mène depuis son retour à la Maison‑Blanche. ‘'Tout pays s'alignant sur les politiques anti‑américaines des BRICS se verra appliquer un droit de douane supplémentaire de 10 %''. Aucun détail sur le calendrier ou le mécanisme, seulement une promesse martelée à la veille de la présentation de sa nouvelle doctrine douanière.

Réunis depuis le 5 juillet à Rio de Janeiro, la capitale brésilienne, les dirigeants des BRICS, un bloc désormais fort de dix membres, du Brésil à l'Indonésie en passant par l'Iran, avaient déjà raillé "l'augmentation aveugle des droits de douane" qui, selon eux, ‘'perturbent le commerce mondial'', rapporte Reuters. La déclaration finale, dévoilée à peine quelques heures avant la sortie de Donald Trump, condamne aussi les bombardements à Gaza et les attaques contre l'Iran, sans jamais citer explicitement Washington.

En ciblant ‘'tout pays'' prêt à se rapprocher du groupe, la Maison Blanche élargit le champ des représailles bien au‑delà de Pékin : l'Inde, le Brésil ou encore l'Afrique du Sud, déjà soumis depuis avril dernier à un droit de 31 % sur plusieurs catégories d'exportations, sont directement visés. Dans le viseur également, les nouveaux entrants comme l'Égypte ou les Émirats arabes unis, dont les économies misent sur la diversification de leurs partenaires commerciaux.

À trois jours de l'ultimatum fixé au 9 juillet pour conclure des accords bilatéraux, la surenchère douanière sert aussi d'arme de négociation : trente‑deux pays sont engagés dans un sprint pour arracher des dérogations avant le couperet. Donald Trump avait déjà agité la menace d'une taxe de 100 %, si les BRICS osaient tourner le dos au dollar dans leurs échanges, un message répété dans les coulisses de Rio et à Washington.

Les cambistes n'ont pas attendu pour réagir. Le rand sud‑africain a reculé de 1 % dès l'ouverture des marchés asiatiques, reflet de l'inquiétude qui gagne les devises des pays émergents. Les obligations souveraines sud‑africaines à échéance 2035 ont vu leur rendement grimper de neuf points de base.

Pékin appelle au sang‑froid

À Pékin, la porte‑parole du ministère des Affaires étrangères Mao Ning, cité par Reuters, a rappelé ce 7 juillet que ‘'les guerres tarifaires ne font aucun gagnant'' et que les BRICS ‘'prônent l'ouverture et la coopération gagnant‑gagnant'', se défendant de ‘'toute logique de blocs''. En clair, la Chine ne veut pas d'''affrontement'', mais se dit prête à agir si Washington persiste.

Jusqu'où peut aller l'escalade ?

Sur le plan commercial, une surtaxe uniforme de 10 % frapperait un périmètre aux contours flous. Faute de précision, les experts redoutent un arbitrage ‘'à la carte'', laissant planer l'incertitude sur les chaînes d'approvisionnement mondiales.

S'agissant du volet géopolitique, la menace vise aussi les pays tentés par une adhésion future aux BRICS, comme l'Arabie saoudite ou le Nigéria. L'avertissement pourrait accélérer la recherche d'alternatives au dollar, l'inverse de l'effet recherché par Washington.

Au niveau interne, à moins de quatre mois des élections de mi‑mandat, Donald Trump parle à son électorat industriel, tout en brandissant la fermeté face à ce qu'il décrit comme un ‘'front anti‑occidental''.

En pariant sur la frappe préventive, le président joue la carte d'une Amérique capable de dicter seule les règles du commerce mondial. Mais il prend le risque de voir se constituer, autour des BRICS, un bloc plus cohérent face à Washington, le contraire de l'effet recherché lors du premier cycle de tarifs, en 2018‑2020.

Narcisse Angan

Publié le 07/07/25 09:32