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Au Ghana, l'heure est au changement de paradigme dans la gestion de la filière cacao. En effet, le Cocobod, le régulateur de la filière, qui a annoncé sa décision de ne plus recourir aux banques internationales pour financer la campagne, finalise un nouveau modèle de financement qui prévoit solliciter une avance des négociants de fèves sur la valeur de leurs contrats à terme.
La nouvelle campagne cacaoyère au Ghana, qui s'ouvre en septembre, va enregistrer un profond changement. Les négociants qui s'approvisionnent dans le pays devront désormais préfinancer leur commande de fèves, selon les informations de Reuters qui cite une source interne au Cocobod.
Contrairement à la Côte d'Ivoire où les exportateurs et négociants, y compris les filiales des multinationales du chocolat, achètent directement aux paysans (parfois via des intermédiaires ou des coopératives) les fèves de cacao, au Ghana, le modèle est tout autre. C'est en effet le Cocobod qui achète directement la totalité de la production nationale aux paysans avant de la revendre aux négociants qui approvisionnent le marché international. Mais seulement, pour financer ses achats, le régulateur ghanéen contracte chaque année auprès d'un pool bancaire constitué essentiellement de bailleurs internationaux un emprunt compris entre 1,5 et 2 milliards de dollars. Un prêt remboursable en moins d'une année et aujourd'hui jugée trop couteuse en raison de la hausse des intérêts (depuis 2023).
Lors d'une conférence de presse animée ce mardi 20 août, Joseph Boahen Aiddo, le directeur général du Cocobod, a indiqué que le dernier emprunt international réalisé au second trimestre 2023 pour financer la campagne en cours qui s'achève, était adossé à un taux d'intérêt de ‘'plus de 8%'' représentant un ‘'coût supplémentaire de 150 millions de dollars'', soit environ 88 milliards FCFA. Un taux qui contraste avec les 1,5% auxquels le Cocobod empruntait quelques années en arrière.
" (…) compte tenu des taux d'intérêt qui étaient de 8% l'année dernière, plus les coûts [du capital], cela signifie qu'on pourrait nous faire économiser plus de 150 millions de dollars en décidant de ne pas aller sur le marché financier international pour cette campagne ", a-t-il argumenté, soulignant à l'occasion la décision de la structure d'abandonner cette approche de recours au marché financier international en vigueur depuis 1992.
La nouvelle politique, selon Joseph Boahen, s'appuiera sur un financement propre de la campagne. Une perspective qui suscite quelques doutes en raison de la situation financière du Cocobod réputée précaire du fait de la baisse continue de la production de fèves depuis quelques années. Ce mercredi, des députés de l'opposition avaient soutenu que les banques internationales avaient plutôt refusé de répondre aux appels de fonds du Cocobod à cause de ses difficultés à rembourser le prêt précédent, des propos que Joseph Boahen a réfuté.
" En juin 2024, le Cocobod a lancé un appel d'offres international en vue de mobiliser 1,5 milliard de dollars pour acheter jusqu'à 650 000 tonnes de fèves sur la campagne 2024/2025. Mais cette demande n'a suscité aucun intérêt des banques internationales en raison de la mauvaise santé financière du Cocobod et de l'effondrement de la filière cacao sous sa gouvernance actuelle " a fait valoir le groupe de parlementaire dans son communiqué publié ce 21 août.
Les avances des négociants, un moindre mal
S'il s'avérait que le Cocobod ne disposait pas des ressources propres pour financer sa campagne, obtenir des avances des exportateurs (le paiement de 60% de la valeur des contrats, puis du reste à la livraison) permettrait de collecter une partie de la liquidité pour acheter les fèves aux producteurs. Il faudra alors trouver un complément de fonds auprès du système bancaire local. Une piste qui ne serait pas pour autant la plus optimale.
Selon le média local The Herald Ghana, ces dernières années, le Cocobod a emprunté auprès de la banque centrale et des banques locales à des taux pouvant atteindre 30% - il est bon de souligner que le principal taux directeur banque centrale est actuellement de 29% ! -, un niveau jugé problématique. Et dans un contexte où l'Etat est sous la contrainte d'un programme économique avec le FMI, il n'est pas sûr que la structure puisse bénéficier d'un appui de fonds publics.
La campagne qui va s'ouvrir est donc un vrai challenge pour le cacao ghanéen confronté déjà à la perte de superficies cédées pour l'orpaillage – une activité jugée plus rentable par nombre de producteurs de cacao -, affectant la production et désormais à la problématique du financement.
La Rédaction
Publié le 25/08/24 15:02
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