La société camerounaise Gulfcam, spécialisée dans l'économie maritime et énergétique, a engagé une réorganisation financière et opérationnelle qui vise à lui permettre de reprendre, d'ici la fin 2025 ou au début 2026, une ligne de cabotage conteneurisé entre le port en eau profonde de Kribi et le port fluvial de Douala. Cette stratégie s'appuie sur une augmentation de capital actée lors d'une assemblée générale extraordinaire et enregistrée au greffe.
Le capital passe ainsi de 2,6 milliards FCFA à 4,6 milliards FCFA, soit une hausse nette de 2,02 milliards FCFA correspondant à la création de 202 463 actions nouvelles de 10 000 FCFA chacune. Cette décision, entérinée devant le notaire, porte le nombre total d'actions à 467 261 et confère à l'entreprise une marge de manœuvre financière plus large pour financer ses projets.
Lors d'une déclaration faite à Douala ce 2 octobre, à l'occasion des 150 ans du Port autonome de Douala, le directeur général de Gulfcam, Albert Roger Boum, a confirmé l'intention de l'entreprise de relancer le transbordement maritime entre Kribi et Douala. "Nous avons décidé de lancer ce projet, étudié depuis plusieurs années, pour offrir une alternative aux importateurs et exportateurs confrontés à des difficultés liées au mauvais état de la route entre Douala et Kribi", a-t-il expliqué.
Le transport par cabotage, qui consiste à acheminer des marchandises le long des côtes à l'intérieur d'un même pays, permet non seulement de contourner ces contraintes routières mais aussi de desservir des navires de grande taille incapables d'accéder directement au port de Douala en raison d'un tirant d'eau insuffisant. Ces navires pourront décharger à Kribi, avant que des navires plus petits ne prennent le relais pour le transport vers Douala.
A en croire le directeur général de Gulfcam, un camion plateau transporte au maximum deux conteneurs alors qu'un navire caboteur peut en accueillir jusqu'à 500. Cet écart se traduit par une réduction sensible du coût unitaire de transport, d'autant que le trajet routier entre Kribi et Douala, qui prend au moins trois heures dans des conditions optimales, reste pénalisé par l'état des infrastructures. Gulfcam entend capitaliser sur cette économie d'échelle, mais aussi sur un argument environnemental, puisque le cabotage réduit la consommation de carburant par tonne transportée et donc les émissions de carbone.
Pour le lancement, l'entreprise envisage de recourir à l'affrètement de navires, le temps de développer le marché et d'informer la clientèle sur le service, avant d'investir dans sa propre flotte. Cette approche s'appuie sur l'expertise interne issue de la fusion de 2021 entre Gulfin, acteur pétrolier, et Camship-CLGG, spécialisé dans le cabotage. L'héritage de la Cameroon Shipping Lines, ancien opérateur public privatisé en 1997, confère également à Gulfcam un capital d'expérience considérable.
La réussite du projet dépend aussi de la collaboration avec les administrations. La douane a déjà annoncé un engagement en faveur d'une simplification du régime de transbordement, afin de réduire les délais et les coûts liés aux formalités. Un quai spécifiquement dédié au cabotage est par ailleurs en cours de conception au port de Douala. L'objectif est de désengorger le terminal à conteneurs existant et de fluidifier la circulation des marchandises.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 06/10/25 15:51