Coronavirus : Le scénario catastrophe se dessine pour l’économie africaine

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A la faveur d'une conférence de presse tenue ce 13 mars à son siège d'Addis-Abeba, la commission économique des Nations Unis pour l'Afrique (CEA) a présenté un tableau sombre de l'impact attendu de la pandémie du coronavirus sur l'économie du continent, plus extravertie et plus dépendante des cours des matières premières.

" L'Afrique peut perdre la moitié de son PIB avec sa croissance passant de 3,2% à environ 2% pour un certain nombre de raisons, notamment la perturbation des chaînes d'approvisionnement mondiales ", a alerté Vera Songwe, secrétaire exécutive de la CEA.

Avec le ralentissement économique annoncé au niveau mondial, en particulier en Chine, en Union européenne et aux Etats-Unis, les principaux partenaires commerciaux et fournisseurs du continent, il faut prévoir un relâchement des échanges du continent dans un contexte de chute des cours des matières premières. La CEA projette ainsi une baisse des recettes d'exportation de l'Afrique de 101 milliards de dollars pour la seule année 2020.

Pour les pays exportateurs de pétrole, une spéculation particulièrement orientée à la baisse – le brent a replié d'environ de près de 10% à environ 30,50 dollars le baril à la mi-journée ce lundi, son plus bas niveau depuis février 2016 – les pertes de revenu sont estimées à 65 milliards de dollars, selon la CEA. Au Nigéria la note devrait être salée, la valeur des exportations de pétrole pourrait être réduite de " 14 à 19 milliards de dollars ".

Dans le même temps, le continent devrait faire face à des dépenses supplémentaires de santé pouvant aller " jusqu'à 10,6 milliards de dollars " pour faire face à la propagation de la pandémie. Aussi, la baisse des revenus et la hausse des dépenses vont-elles induire des tensions budgétaires ce qui devrait avoir son effet sur le niveau d'endettement.

Par ailleurs, la CEA estime que les envois de fond, les flux d'IDE (investissements directs étrangers) devraient s'orienter à la baisse. De même, il est prévu un resserrement des marchés financiers et un ralentissement des investissements, ce qui va occasionner un ralentissement sur le marché de l'emploi, voire des pertes d'emplois. Sans compter le secteur touristique qui devrait être particulièrement affecté avec les restrictions de déplacements au niveau international.

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L'autre impact majeur est en outre attendu au niveau de la sécurité alimentaire. Il est en effet à craindre des pénuries de bien de consommation, deux tiers des pays africains étant importateurs nets de produits de base. Une pénurie qui pourrait se faire sentir au niveau des approvisionnement en produits pharmaceutiques de l'Afrique, les principaux pays producteurs devant privilégier leurs marchés locaux et régionaux. 

ZLECA et plans de relance

Dans le contexte international actuel, la ZLECA, la zone de libre-échange continentale africaine, qui entre en application en juillet prochain, est une belle opportunité pour soutenir la résilience du contexte.

Pour Stephen Karingi, directeur de la division de l'intégration régionale et du commerce de la CEA, " le marché intra-africain peut aider à atténuer certains des effets négatifs du COVID-19 en limitant la dépendance à l'égard de partenaires extérieurs, en particulier dans les produits pharmaceutiques et les aliments de base ", rappelant la nécessité de la diversification des économies africaines.

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Il appartient en outre aux Etats de prendre des mesures en interne afin de tenter au mieux de contenir les difficultés économiques qui pointent à l'horizon. La CEA préconise ainsi une révision des budgets des Etats, en vue de réorienter les priorités via " des plans de relance budgétaire ".

Egalement, les gouvernements sont exhortés à fournir des incitations aux importateurs de produits alimentaires pour qu'ils acheminent rapidement leurs achats afin de garantir des réserves alimentaires suffisantes pour les principaux produits alimentaires de base.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 16/03/20 15:36

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