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Les Etats africains plaident pour une reconstitution des ressources de l'IDA (association internationale de développement, le guichet concessionnel de la Banque mondiale) à hauteur d'" au moins 100 milliards de dollars ". L'appel a été solennellement lancé ce 15 juillet à Abidjan à la faveur de la réunion de haut niveau de plaidoyer pour la 20ème reconstitution de l'IDA qui a vu la participation d'une quinzaine de chefs d'Etat africains.
" Nous exhortons les donateurs de l'IDA à soutenir une reconstitution ambitieuse et importante des ressources de l'IDA-20 pour une mobilisation d'au moins 100 milliards USD d'ici la fin de l'année 2021 ", a indiqué la Déclaration d'Abidjan qui a sanctionné le sommet.
L'IDA dont les fonds sont reconstitués chaque trois ans permet d'apporter des financements sous forme de dons et de prêts concessionnels (à taux zéro ou faible) ainsi qu'une assistance technique aux économies les plus fragiles de la planète avec pour objectif de lutter contre l'extrême pauvreté.
La 19ème reconstitution de l'IDA (IDA-19) qui couvre la période juillet 2020 – juin 2022 (une période raccourcie d'une année en raison de la crise de la Covid-19) avait permis de mobiliser 82 milliards de dollars devant bénéficier à 74 pays dont 39 en Afrique.
La rencontre d'Abidjan s'est tenue dans un contexte où la pandémie de la Covid-19 a ébranlé des économies africaines dont les besoins de financements se sont fortement accrus sous l'effet conjugué de la baisse des recettes fiscales et de la hausse des dépenses budgétaire, au niveau sanitaire et sociale notamment, et alors qu'elles doivent trouver des ressources pour financer leur relance. Et l'IDA-20 devrait ainsi contribuer, en plus d'autres mécanismes de soutien envisagés comme la réallocation des DTS, à apporter un peu de souffle à une région qui a réalisé en 2020 sa pire performance économique de ces 25 dernières années (baisse du PIB de 1,9%) et qui a vu 35 millions de personnes supplémentaires basculer dans l'extrême pauvreté.
Il faut en effet relever, comme l'a indiqué à la cérémonie d'ouverture Moussa FAKI, le président de la Commission de l'Union africaine, que la problématique de financement reste entière pour des économies africaines qui ne disposent pas de leviers de soutien ; les mesures de soutien mises en place par les Etats de la région n'ont en effet représenté que 2% de leur PIB contre par exemple 24% du PIB pour les Etats développés !
" Le Fonds Monétaire International a estimé le besoin de financement en Afrique subsaharienne à 285 milliards de dollars US sur les cinq prochaines années, pour lutter contre la pandémie de COVID-19, le dérèglement climatique, et à accélérer à la reprise économique. Outre leurs efforts propres de mobilisation des ressources domestiques, les pays africains ont donc besoin d'un soutien plus important de l'ensemble de leurs partenaires " a mis en avant le président ivoirien Alassane OUATTARA. Signe de la fragilité de la situation de la région, " moins de 3% de la population totale en Afrique, a reçu une première dose de vaccin, contre environ 54% aux États-Unis et dans l'Union Européenne ", a-t-il ajouté.
3 milliards de dollars pour le secteur privé
L'enjeu de la rencontre d'Abidjan est donc de trouver des sources de financements concessionnels plus importantes pour le continent qui " bénéfice de deux tiers des ressources de l'IDA " selon Axel van TROTSENBURG, directeur des opérations du groupe de la Banque mondiale ; des fonds qui seront en partie orientés vers le secteur privé.
" Le lien entre secteur public et secteur privé est essentiel " a tenu a rappelé Makhtar DIOP, directeur général de la Société financière internationale (SFI). Les Etats doivent créer certes des emplois, mais surtout mettre en place un environnement des affaires favorables à même permettre au secteur privé de prendre le relais afin de contribuer de manière plus importante aux objectifs de développement, a-t-il indiqué.
Aussi, a-t-il souhaité que le guichet du secteur privé de l'IDA passe de 1,7 milliard de dollars à 3 milliards de dollars. Un financement qui contribuera à mitiger " le rapport risque-rendement " des investissements sur le continent. Une évolution d'autant plus nécessaire qu'il faudra créer " 20 millions d'emplois chaque année d'ici 2030 " afin d'absorber le flot grandissant de jeunes qui arrivent sur le marché.
Les ressources de l'IDA sont constituées de contributions des bailleurs de fonds, de la Banque mondiale et des financements des marchés financiers. Et l'enveloppe attendue pour l'IDA-20 va couvrir la période allant de juillet 2022 à juin 2025 et financer des projets spécifiques dans 74 pays.
Jean Mermoz Konandi
Publié le 16/07/21 09:24
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