Le gouvernement gabonais a décidé de trancher dans le vif dans sa quête d'autosuffisance alimentaire. À l'issue du Forum national sur la filière avicole, tenu à Libreville les 25 et 26 août 2025, les autorités ont confirmé leur volonté d'interdire totalement les importations de poulets de chair d'ici au 1er janvier 2027. Cette décision, prise en Conseil des ministres du 30 mai 2025, traduit la volonté de bâtir une économie agricole souveraine et de stopper une dépendance coûteuse qui coûte chaque année des milliards, du fait de près de 55000 tonnes de volaille importée, contre une production locale estimée à seulement 4000 tonnes.
Face à ce déséquilibre, le ministère de l'Agriculture et de l'Élevage avait réuni, autour de ce forum, les acteurs publics et privés du secteur pour jeter les bases d'une filière intégrée et compétitive. Six chantiers prioritaires ont été définis : fiscalité et douane, foncier, alimentation animale, infrastructures de production, formation technique et transformation industrielle. L'ambition étant de créer un écosystème complet, capable de produire localement les poussins, les aliments-bétail et d'assurer la transformation sur place. Okoumé Capital, la BCEG et la FAO ont été sollicitées pour appuyer la montée en puissance de la filière.
Dans cette dynamique, plusieurs investisseurs se positionnent déjà. Le groupe Grupo Graïne International a signé la semaine écoulée un protocole d'accord pour implanter sept fermes modernes, un couvoir et un abattoir industriel dont la première production est prévue début 2027. Le consortium algérien, a annoncé un investissement de 47 milliards de FCFA pour ce méga-projet avicole intégrant production, transformation et distribution. Ces engagements marquent l'entrée du Gabon dans une phase d'industrialisation de sa chaîne avicole, avec l'ambition de créer plusieurs milliers d'emplois directs et indirects sur les deux prochaines années.
Mais le Gabon devra, en parallèle, assurer la sécurisation de l'approvisionnement en matières premières, notamment en maïs et soja pour la production de provende, aujourd'hui majoritairement importées. Le coût de l'aliment pour bétail représente jusqu'à 70% du prix de revient du poulet local, un paramètre déterminant pour la compétitivité. Les experts du domaine plaident pour un plan intégré maïs-volaille, soutenu par des incitations fiscales et un crédit agricole ciblé.
A noter que cette montée en puissance de la filière avicole, représente une opportunité stratégique pour les institutions financières. L'interdiction annoncée pour 2027, ouvre la voie à des besoins massifs en financement en termes de fermes avicoles, couvoirs, abattoirs, logistique du froid, distribution et transformation. La nationalisation des postes de responsable d'institutions financières devrait jouer un rôle stratégique dans cette dynamique de souveraineté. Seule ombre au tableau, les défis logistiques pour un pays dont les besoins en infrastructures sont estimés à plus de 700 milliards par an.
La Rédaction
Publié le 04/11/25 15:49


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