La Banque africaine de développement (BAD) renforce sa stratégie de mobilisation du capital privé. En marge des Journées du marché du Forum d'investissement africain à Rabat, l'institution panafricaine a confié à Société Générale le rôle de conseiller principal pour la mise en place de sa future plateforme de titrisation synthétique, un outil inédit destiné à libérer des capacités de prêt et à attirer des investisseurs à grande échelle.
La plateforme de titrisation synthétique multi-initiateurs, baptisée SST, constitue l'avancée la plus ambitieuse du dispositif Room to Run lancé en 2018. Elle prend la forme d'un véhicule de transfert de risques renouvelable et évolutif permettant aux institutions de financement du développement de réduire leurs exigences réglementaires en capital. En renforçant la résilience de leurs bilans, elles pourront déployer davantage de financements vers des projets à fort impact sur le continent.
Société Générale, reconnue pour son expertise dans les opérations de transfert de risques significatifs, pilotera la structuration, la modélisation et la préparation des documents destinés aux investisseurs. La première phase de la plateforme vise un portefeuille de référence de 2 milliards de dollars, diversifié par secteurs, zones géographiques et niveaux de risque. Ce portefeuille combinera notamment des actifs de la BAD et de la Banque de développement de l'Afrique australe, avant l'arrivée potentielle d'autres institutions.
À terme, la plateforme SST doit instaurer des standards communs pour le marché africain de la titrisation synthétique. Elle introduira une documentation harmonisée, des méthodes de notation unifiées et un véhicule à vocation spécifique partagé, conditions essentielles pour attirer des acteurs internationaux et encourager l'entrée d'autres banques de développement africaines.
Pour Société Générale, l'initiative marque un tournant. ‘'Il s'agit d'une étape majeure pour promouvoir la finance durable et mobiliser des investissements privés au service d'une croissance inclusive en Afrique'', souligne Pascale Olivié, conseillère principale en solutions adossées à des actifs.
Du côté de la BAD, les ambitions sont tout aussi affirmées. Max Ndiaye, directeur principal pour les syndications et le Forum d'investissement africain, estime que la plateforme pourrait devenir ‘'un catalyseur pour accroître la capacité de prêt aux projets à fort impact'', en cohérence avec la stratégie décennale de l'institution et l'agenda de mobilisation du capital privé porté par son président Sidi Ould Tah.
En misant sur l'ingénierie financière avancée, la BAD cherche ainsi à bâtir un marché africain de la titrisation plus profond, plus transparent et plus attractif, capable de soutenir durablement les investissements dont le continent a besoin.
La Rédaction
Publié le 28/11/25 21:13


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