La note du Cameroun déclassée sur la base d’informations “non vérifiées” (MAEP)

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Dans son plus récent rapport qui analyse la notation de crédit souverain en devise en Afrique, le Mécanisme africain d'évaluation par les pairs (MAEP) remet en question les notes de crédits attribuées au Cameroun par les agences de notation internationales. Le bras séculier de l'Union Africaine en charge d'analyser les progrès de gouvernance des pays sur le continent, estime que Moody's et S&P ont attribué au pays des notes de crédit sur la base d'informations non vérifiées, remettant en cause la pertinence de leurs évaluations.

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En effet, le Cameroun, entre janvier et novembre 2022, avait accusé plusieurs retards de paiement (de deux semaines en moyenne) sur sa dette commerciale. Fin juillet 2023, Moody's va s'appuyer sur ce retard pour abaisser de deux paliers la note du pays de B2 à Caa1, situé 4 crans au-dessus du défaut de paiement. Plus sévère, Standard & Poor's va lui emboîter le pas quelques jours plus tard en classant le pays à “Défaut sélectif”. L'agence va revenir sur sa décision deux jours plus tard et rehausser la note à CCC+ (stable) après qu'il lui ait été signalé que le Cameroun s'était acquitté de ses obligations.

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Selon les analystes du MAEP, l'appréciation de ces deux agences est teintée de sévérité car au moment de la publication de leurs rapports, le pays était à jour de toutes ses obligations en matière de service de la dette commerciale. Ce qui suggère qu'elles “ne disposaient pas en temps opportun d'informations officielles et factuelles sur l'état des remboursements du pays sur toutes les obligations liées au service de la dette commerciale”. Le rapport déplore également des “disparités”, des “contradictions” et des “faiblesses méthodologiques” du Big Three de la notation souveraine sur le cas du Cameroun.

Ces décisions ont pour beaucoup contribué à limiter l'accès du Cameroun aux financements. La preuve, un emprunt international que le pays avait prévu en 2023 a finalement été repoussé en raison des conditions difficiles. “Malgré les inexactitudes des avis de crédit, les investisseurs réagissent à la publication de ces informations. Il est donc important que les agences de notation utilisent des informations officielles factuelles et des données les plus récentes”, déplore le MAEP.

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Le Cameroun n'est pas le seul pays subsaharien dont la note peut être sujette à des questions. Le MAEP évoque également le cas du Kenya, victime en août 2023, de “commentaires hautement spéculatifs” de Moody's qui ont déclenché une vente massive des euro-obligations du pays, une hausse des rendements qui ont fait dérailler les efforts budgétaires du gouvernement, diminué l'appétit des investisseurs et compromis le succès de son programme de rachat.

Les pays africains ont certes des problèmes de gestion de trésorerie mais selon le MAEP, les retards de paiement sus évoqués sont aussi le fait d'un contexte international difficile qui accentue la pression sur les finances publiques. L'institution suggère donc aux Etats de faire preuve de résilience. “Il est important que les gouvernements renforcent leur capacité à gérer la dette et évitent d'accumuler des arriérés de paiement, notamment envers les créanciers privés. Le maintien d'un historique de respect des obligations de paiement extérieur, d'apurement des arriérés intérieurs et de dépenses hors budget limitées, serait le signe d'un profil de liquidité et d'une capacité de gestion de la dette améliorés”. Sur ce point, plusieurs pays semblent s'ériger en exemple et devraient normalement voir leur note de crédit être rehaussée au courant du 1er semestre 2024. Il s'agit du Sénégal, de la Côte d'Ivoire et du Rwanda “qui sont sur la voie d'une forte croissance économique”.

Cédrick Jiongo

La Rédaction

Publié le 01/02/24 20:05

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