Le Gabon officialise son partenariat avec Genmin pour l’exploitation du gisement de fer de Baniaka

Le président de la Transition gabonaise, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, a présidé ce 20 mars, la cérémonie de signature de la convention minière entre son pays et la société Reminac, filiale de l'australien Genmin, pour l'exploitation de la mine de fer de Baniaka. Située dans la province du Haut-Ogooué, entre Franceville, Boumango et Bakoumba, la mine de Baniaka est l'un des plus importants gisements de fer au monde, " avec plusieurs centaines de milliards de tonnes de réserves estimées ", souligne l'Etat gabonais dans un compte-rendu publié sur le site internet de la présidence.

Au-delà de sa portée économique, l'exploitation de Baniaka devrait créer d'après les autorités gabonaises, 700 emplois directs et plus de 2 000 emplois indirects, L'accord prévoit également le développement d'infrastructures essentielles, notamment dans les domaines de la santé, de l'éducation, des transports, de l'énergie et de l'eau, afin d'accompagner la croissance industrielle et d'améliorer le cadre de vie des populations locales.

Un autre volet clé du projet réside dans la transformation locale du minerai. Genmin prévoit que 60 à 70 % de la production soit traitée sur place, générant ainsi une valeur ajoutée supplémentaire et renforçant les capacités industrielles du pays.

Un calendrier réajusté et des défis de financement

Si l'officialisation de cet accord marque une avancée importante, le projet fait néanmoins face à des défis, notamment en matière de financement. Initialement prévue pour le second semestre 2025, la mise en production de la mine a été discrètement repoussée à 2026, comme l'a révélé un rapport d'activités de Genmin publié le 31 janvier 2025. Bien que la compagnie australienne n'ait pas précisé les raisons de ce retard, la difficulté à mobiliser les fonds nécessaires pourrait en être la cause.

Genmin a récemment annoncé la nomination d'Andrew Taplin comme nouveau directeur général. Fort de 30 ans d'expérience dans l'industrie minière, notamment chez Rio Tinto, il aura pour priorité de finaliser les négociations financières pour la construction et la mise en service de Baniaka.

D'après l'étude de préfaisabilité publiée en 2022, le développement de la mine nécessiterait un investissement initial de 200 millions de dollars (120,8 milliards de FCFA), avec un objectif de production annuelle de 5 millions de tonnes dans un premier temps. Une seconde phase, estimée à 250 millions de dollars supplémentaires (151,1 milliards de FCFA), permettrait d'atteindre une capacité de 10 millions de tonnes par an.

En attendant la levée des fonds, Genmin a déjà signé des accords non contraignants avec des groupes sidérurgiques chinois, notamment Baowu, le plus grand producteur d'acier au monde, pour la vente de 19 millions de tonnes de minerai de fer. Cependant, aucun détail n'a filtré sur les modalités précises de ces accords, qu'il s'agisse de financements par prêts ou d'avances sur livraisons futures.

Par ailleurs, l'évolution des prix du minerai de fer pourrait influencer les stratégies de la compagnie. Selon la Banque mondiale, le cours moyen est en baisse, passant de 121,3 dollars la tonne en 2022 à 109,4 dollars en 2024. Les prévisions de BMI estiment que le prix pourrait descendre à 100 dollars la tonne en 2025 et chuter jusqu'à 78 dollars d'ici 2033. Or, Genmin a basé son modèle économique sur une estimation de 100 dollars la tonne, un seuil qui pourrait être fragilisé par la volatilité du marché.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 21/03/25 16:25