L'agence américaine Fitch Ratings a publié, le 8 mai 2025, une analyse sur la situation financière du Gabon. Elle estime que la récente opération de réorganisation de la dette locale, appelée ‘'Mouele'', ne représente pas un défaut de paiement, mais souligne que le pays traverse toujours de graves difficultés de trésorerie.
Cette opération, annoncée le 28 avril, a permis au Gabon d'échanger environ 1 400 milliards FCFA de bons et d'obligations émis sur le marché régional contre de nouveaux titres remboursables plus tard. Cela représente 5,4% du PIB du pays. En échangeant ces titres, le gouvernement a réussi à allonger les délais de remboursement et à réduire la pression sur les finances publiques pour les années 2025 et 2026.
Fitch explique que cette opération remplit un seul des deux critères qui définissent un défaut. Elle modifie les conditions de remboursements. Mais le deuxième critère (éviter un défaut imminent) n'est pas rempli, car le montant concerné reste trop faible par rapport aux besoins du pays ; le Gabon continuant de mobiliser des financements sur les marchés avec le soutien des banques, encouragées à participer à l'opération grâce à des avantages réglementaires.
Par exemple, les nouveaux titres obtenus sont considérés comme moins risqués pour les banques, car ils sont partiellement garantis par des ressources naturelles, et ne nécessitent pas de provisions supplémentaires.
Grâce à cette opération, le Gabon va payer moins de dettes à court terme : environ 1,4% du PIB en 2025 et 0,8% en 2026. Dans le même temps, le pays a aussi levé de nouveaux prêts à moyen terme, représentant 3,1% du PIB, dont une partie remboursable sur 6 ans avec un taux d'intérêt de 6,5%.
Fitch souligne que, malgré l'opération ‘'Mouele'', le Gabon manque toujours d'argent disponible pour faire face à toutes ses dépenses. Cela s'explique notamment par le resserrement du marché régional de la dette, où il est devenu plus difficile d'emprunter.
Le pays a tout de même réussi à emprunter l'équivalent de 4,1% du PIB en 2024 sur ce marché, et la dette de marché totale du Gabon a augmenté en mars 2025, en partie grâce à la transformation de dettes bancaires en titres financiers.
La situation politique, notamment la tenue de l'élection présidentielle le 12 avril, a aussi contribué à rassurer partiellement les investisseurs.
En février, le Gabon a emprunté environ 5,2% de son PIB en dollars sur les marchés internationaux pour rembourser une ancienne dette (eurobonds). Mais cet emprunt a été contracté à un taux très élevé de 12,7%, un record pour une émission africaine, ce qui montre que les investisseurs demandent une forte prime de risque.
Fitch prévoit pour 2025 un déficit budgétaire de 2,8% du PIB, en se basant sur un prix moyen du pétrole à 65 dollars le baril. Or, pour équilibrer son budget, le Gabon a besoin d'un baril à environ 85 dollars.
Enfin, Fitch estime que le pays pourrait retourner sous-programme avec le FMI dans les prochains mois. Mais elle rappelle que le Gabon a souvent eu du mal à respecter ses engagements avec les bailleurs de fonds internationaux.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 09/05/25 11:27
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