Le Ghana muscle la régulation de son secteur aurifère pour échapper au spectre de la liste grise du GAFI

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   Thomas Nyarko Ampem,  vice-ministre ghanéen en chargedes Finances

Le Ghana, premier producteur d'or d'Afrique et 6e à l'échelle mondiale, avec une production de 140,6 tonnes à fin 2024, selon le World Goal Council (Conseil mondial de l'or), a décidé de renforcer la surveillance de son secteur aurifère, alors qu'une évaluation internationale cruciale de ses dispositifs de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme (LAB/CFT) se profile en 2026. En jeu, la réputation financière du pays, mais aussi la préservation de recettes fiscales vitales pour son économie.

Le métal jaune est le poumon économique du Ghana. Il représente 64% des exportations totales au premier semestre 2025 et contribue à près de 7% du PIB national. Selon un rapport de l'organisation de coopération au développement suisse, SwissAid, plus de 229 tonnes d'or, évaluées à 11,4 milliards de dollars, ont été sorties clandestinement du pays entre 2019 et 2023. Rien qu'en 2022, environ 60 tonnes ont échappé au contrôle des autorités, faisant du Ghana le deuxième pays africain le plus touché après le Mali.

Voir aussi - Or : Le Ghana évince l'Indonésie et devient le 6e plus grand producteur mondial

Ainsi, lors d'une réunion de haut niveau avec les parties prenantes ce 28 août à Accra, la capitale, le vice-ministre des Finances, Thomas Nyarko Ampem, a alerté sur un risque majeur. Il a en effet indiqué que si le pays ne respecte pas les standards internationaux, il pourrait être placé sur la liste grise du Groupe d'action financière (GAFI), synonyme de sanctions indirectes, de perte de confiance des investisseurs et de difficultés accrues pour les transactions financières internationales.

‘'Notre responsabilité collective est de veiller à ce que le dialogue d'aujourd'hui se traduise par des progrès tangibles'', a-t-il déclaré, appelant à une mobilisation conjointe des institutions financières, des régulateurs et des forces de sécurité, d'après un communiqué du ministère ghanéen en charge de l'Economie publiée ce 28 août. Il a surtout relevé que ‘'la mise en œuvre de ce programme protégera les recettes intérieures, préservera les moyens de subsistance et renforcera la réputation internationale du Ghana en tant que plaque tournante de l'or responsable''.

Un appui international stratégique

Le Ghana bénéficie d'un soutien extérieur, en le Centre de renseignement financier (FIC) et le Bureau de lutte contre la criminalité économique et organisée (EOCO) travaillent main dans la main avec le Programme or Royaume-Uni–Ghana pour renforcer les capacités d'enquête. Keith McMahon, haut-commissaire adjoint du Royaume-Uni au Ghana, a réaffirmé l'engagement de Londres : ‘'Le Royaume-Uni soutient fermement le Ghana dans ses efforts visant à renforcer la transparence et la gouvernance du secteur aurifère. C'est essentiel non seulement pour l'économie ghanéenne, mais aussi pour l'intégrité financière mondiale''.

Un test décisif en 2026

L'évaluation mutuelle, qui sera menée par le Groupe intergouvernemental d'action contre le blanchiment d'argent en Afrique de l'Ouest (GIABA), est prévue pour 2026. Elle sera déterminante pour l'image financière du Ghana et son rôle de hub aurifère sur le continent. En engageant ce chantier de réformes, Accra cherche à rassurer ses partenaires internationaux tout en consolidant la contribution de l'or au développement national. Mais le véritable défi reste de taille : transformer un secteur longtemps synonyme d'opacité en un levier de transparence et de prospérité partagée.

La série de réformes lancée par les autorités touchent entre autres, à la création du Ghana Gold Board (GoldBod), désormais seule autorité habilitée à acheter, vendre, peser, classer et exporter l'or. L'objectif est de formaliser l'activité artisanale et d'accroître les recettes fiscales. Il y a également l'exclusion des étrangers du commerce local de l'or, afin de renforcer la valeur captée par l'économie nationale.

Ensuite, le partage direct des revenus avec les communautés locales, rompant avec un modèle centralisé jugé peu inclusif. Le raccourcissement de la durée des licences minières, non renouvelables en cas de non-respect des obligations environnementales et sociales. L'introduction d'une licence de taille moyenne, destinée à mieux encadrer les exploitations intermédiaires. La révocation de baux miniers de petites entreprises non conformes et traçabilité renforcée de l'or extrait, etc.

Narcisse Angan

Publié le 30/08/25 15:24

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