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Au Cameroun, où il a démarré ses activités en 2011 en s'associant au cabinet d'expertise comptable et d'audit, Experts Comptables Associés SA (ECA), Ernst & Young (EY) traverse en ce moment une crise sans précédent.
Le 6 octobre dernier, un message attribué à Joseph Pagop Noupoué, directeur général et actionnaire de Ernst & Young Cameroun, annonce aux employés locaux que l'entreprise a notifié à EY Global Limited son intention de sortir de son réseau. Cette décision concerne aussi la filiale tchadienne également pilotée par le célèbre avocat camerounais.
Motif du divorce : de "récentes violations par EY Global et ses affiliés des règles de la Membership, des tentatives de déstabilisation de la gouvernance des entités camerounaises et de la rupture sans préavis des services IT pour les collaborateurs de EY SARL (Tax et Finance) en date du 5 octobre 2023".
Résultat des courses, EY Cameroon (nom commercial) a changé de dénomination devenant ECA Tax & Legal et ECA EY Cameroun SA est devenu ECA S.A. Dans la foulée, le logo de Ernst & Young a été retiré de l'immeuble abritant le siège à Douala, au quartier Akwa et remplacé par celui d'ECA.
Cette séparation brutale et tout de même surprenante, intervient au cœur d'une guerre de leadership qui se mène désormais au sein de cette entreprise, avec d'un côté la firme d'audit britannique et de l'autre les administrateurs d'ECA amenés par Pagop Noupoué.
Tensions au sommet
"M. Pagop Noupoue cherche à mettre fin à l'adhésion des entités juridiques d'EY au Cameroun au réseau mondial EY. Cela va à l'encontre des réglementations et de la gouvernance d'EY", a réagi l'auditeur britannique dans un mail adressé au personnel de la branche camerounaise et signé par Marcel Van Loo Managing Partner d'Ernst & Young pour l'Europe de l'Ouest et Erik Watremez le Directeur Général d'EY au Gabon. Ces derniers affirment que l'avocat camerounais a été licencié par le groupe en raison "des violations des politiques d'EY".
Consécutivement à ce limogeage, apprend-t-on, la direction d'EY au Cameroun a été restructurée autour d'Erik Watremez, qui en est devenu le directeur pays par intérim d'Abdoulaye Mouchili, le responsable de l'assurance, et d'Anselme Patipewe, le responsable fiscal. "Soyez assuré que nous prenons actuellement les mesures appropriées pour protéger l'entreprise, la marque EY au Cameroun et, surtout vous tous".
Voir aussi - Le Camerounais Joseph Noupoué porté à la tête du conseil d'administration de Savannah Energy
La bataille s'est ensuite déportée sur le terrain judiciaire car face au blocus de la présidence du conseil d'administration visiblement acquise à la cause de l'avocat camerounais, EY va introduire auprès du Tribunal de première instance (TPI) de Bonanjo à Douala, une requête afin que la juridiction désigne un mandataire pour convoquer une assemblée générale ordinaire (AGO).
L'objectif pour l'actionnaire majoritaire est simple : démettre certains administrateurs en fonction et désigner de nouveaux administrateurs pour que le nouveau conseil d'administration puisse à son tour désigner un nouveau président et un nouveau Directeur Général. Le 6 septembre dernier, le président du TPI a rendu une ordonnance en faveur de l'auditeur international.
Seulement, une semaine plus tard et à la requête de Pagop Noupoué, la cour d'appel du Littoral va suspendre l'exécution de l'ordonnance sus-évoquée, restaurant ainsi les organes de gestion (Directeur général et PCA) dans leur droit. Le certificat de dépôt délivré deux jours plus tôt par cette juridiction a été mis à la disposition des représentants d'EY, notamment Abdoulaye Mouchili, Arsène-Didace Ossibi et Christelle Tatiana Bouyou Oyanga.
"Au moment où je vous écris, l'ordonnance du Président du Tribunal de première instance de Douala-Bonanjo fait l'objet d'un appel et d'une défense qui suspend tout effet qu'elle aurait eu, y compris toute AGO, toute résolution de tout conseil d'administration subséquent", écrit le camerounais dans une autre correspondance qu'il a adressé le 21 septembre à tous les employés de la filiale.
Savannah Energy
En attendant l'achèvement de la procédure, l'on ignore pour l'instant les vraies raisons qui ont conduit EY à se séparer de l'avocat camerounais avec qui, il collabore depuis 1999. Bien plus, ce dernier a été en 2011, l'artisan principal de l'implantation de l'auditeur dans plusieurs pays d'Afrique francophone en dehors du Cameroun, notamment la RD Congo, le Tchad et le Gabon.
Les déboires de Pagop Noupoué coïncident cependant avec sa nomination en juin dernier à la tête du conseil d'administration Savannah Energy. Il avait intégré l'instance décisionnelle de de la compagnie pétro-gazière britannique en avril 2023, alors que la crise entre la compagnie britannique et l'État tchadien battait son plein au sujet de la reprise des actifs d'ExxonMobil.
Est-ce cela qui a précipité son éviction ? de toutes façons, cette nouvelle affaire qui secoue l'univers de l'audit et du conseil est loin d'avoir livré toutes ses épisodes.
Cédrick Jiongo
La Rédaction
Publié le 10/10/23 14:22
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