Dans 48 heures, le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) procédera à l'élection de son nouveau président, en remplacement du Nigérian Akinwumi Adesina, en poste depuis dix ans et dont le mandat s'achève en août prochain. Cinq candidats sont en lice et mènent, depuis plusieurs mois, d'intenses campagnes de lobbying à travers le continent et au-delà, dans l'espoir de rallier un maximum de soutiens.
De Nouakchott à Abuja, en passant par Kinshasa et Johannesburg, ces prétendants à la présidence ont dû séduire non seulement les États africains, mais aussi les membres non régionaux – ces pays actionnaires situés hors d'Afrique. Dans cette course stratégique, l'attention s'est naturellement portée sur les États disposant du plus grand poids électoral.
La Banque africaine de développement compte 80 pays membres, régionaux et non régionaux confondus, tous actionnaires, chacun avec un droit de vote proportionnel à sa participation au capital. Pour être élu, un candidat doit recueillir au moins 50,01% des voix dans chacun des deux collèges : celui des pays africains et celui des membres non africains. Une double majorité incontournable, qui rend le jeu des alliances aussi délicat que décisif.
Voir aussi- Ce qu'il faut savoir sur l'élection à la présidence de la BAD
Sur les 54 pays africains membres, les droits de vote varient de moins de 1% à près de 9%. Cependant, uniquement quatorze pays, soit 25% d'entre eux, détiennent plus de 1% des voix, ce qui leur confère un poids stratégique dans l'élection. Associés, ces pays concentrent près de 47% du poids électoral régional (47,47% exactement). Un bloc capable, à lui seul, de faire basculer le scrutin. Il s'agit du Nigéria (9,33%), de l'Égypte (6,33%), de l'Algérie (5,33%), de l'Afrique du Sud (5,05%), du Maroc (4,76%), de la Côte d'Ivoire (3,82%), du Ghana (2,12%), de la Libye (2,11%), du Zimbabwe (1,71%), de l'Éthiopie (1,52%), du Congo (1,50%), de la Tunisie (1,44%), du Kenya (1,23%) et de la Zambie (1,17%).
Face à eux, les pays non régionaux, au nombre de 28. Contrairement aux pays africains, 13 d'entre eux, soit 47%, disposent de droits de vote supérieurs à 1 %. Ensemble, ils concentrent 35% des voix. Un pourcentage certes en dessous des 50,01 % requis, mais suffisant pour faire basculer l'élection en faveur d'un candidat qui réussirait à les rallier. Ils sont constitué des États-Unis (6,09%), du Japon (5,44%), de l'Allemagne (4,14%), du Canada (3,85%), de la France (3,71%), de l'Italie (2,40 %), du Royaume-Uni (1,87%), de la Suède (1,56%), de la Suisse (1,46%), de la Chine (1,28%), de la Norvège (1,17%), du Danemark (1,17%), de l'Espagne (1,06 %).
Et si chaque candidat était soutenu par sa région ?
À quelques heures du scrutin, il est tentant de simuler un scénario où chaque candidat bénéficierait du soutien intégral de sa région d'origine. Une hypothèse certes théorique, mais révélatrice des équilibres de pouvoir entre les différentes zones géographiques du continent. Ainsi, le candidat sénégalais pourrait potentiellement compter sur le bloc de l'Afrique de l'Ouest, qui pèse 18,13% des droits de vote. Celui de la Mauritanie s'appuierait sur l'Afrique du Nord, forte de 19,99%, tandis que le Tchadien disposerait du plus faible pourcentage soit 3,51% de l'Afrique centrale. Les candidat sud-africain et zambien auraient à se partager les 12,44% de l'Afrique australe.
Dans ce schéma, aucune région ne dispose, seule, du seuil de 50,01% requis. Plus encore, certaines zones comme l'Afrique de l'Est (4,81%) qui ne présentent aucun candidat, pourraient jouer le rôle d'arbitre. Plus encore, cela montre que dans la bataille pour la présidence de la BAD, l'origine géographique peut constituer un point d'ancrage stratégique, mais ne saurait, à elle seule, garantir la victoire.
Fanuelle YAO
La Rédaction
Publié le 27/05/25 11:20
302,76 -0,35%
28/05/2025 Guinée équatoriale restructure un projet industriel de 230 millions de dollars
28/05/2025 Guinée équatoriale : L’Indien Golden Swan veut investir dans les secteurs de l’acier et de l'eau embouteillée
28/05/2025 Le Gabon renforce la sécurité autour du site aurifère de Yeno
28/05/2025 Tiger Brands envisage de céder sa filiale camerounaise Chococam, malgré des résultats solides
28/05/2025 RDC : Plus d'un milliard USD déjà engagés depuis le début de l’année, dans la guerre contre le M23
28/05/2025 Le Nigéria va inaugurer 2 usines de traitement du lithium de 800 millions USD
28/05/2025 Donald Trump ferme la porte des campus américains aux étudiants internationaux
Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.