Serge EKUE, Président de la BOAD : ‘’Nous avons l’ambition de faire de la BOAD une institution à impact durable sur l’intégration et la transformation de l’Afrique de l’Ouest’’

BRVMC0000000 - BRVMC
La BRVM Ouvre dans 17h22min

Serge EKUE, Président de la BOAD :

Nous avons l'ambition de faire de la BOAD une institution de référence pour un impact durable sur l'intégration et la transformation de l'Afrique de l'Ouest

 

Ces trois prochaines années ne seront pas de tout repos pour Serge EKUE. Le président de la BOAD, la banque de développement des pays de l'UEMOA, porte un ambitieux projet, le plan quinquennal ‘'Djoliba'', qui vise à investir plus de 3 000 milliards FCFA dans la région entre 2021 et 2025. Un volume d'investissement projeté qui représente un bond de 50% comparé au précédent plan quinquennal et qui est à la hauteur de la vision de ce banquier qui a fait toutes ses classes sur les marchés des pays développés et émergents, et a choisi de revenir se mettre au service du continent africain.

Expert reconnu des marchés financiers et des marchés de capitaux avec une vingtaine d'années d'expérience, Serge EKUE a dirigé les activités de marchés de Natixis pour la zone Asie-Pacifique entre 2010 et 2016, avant d'assumer la direction générale de la banque basée à Hong-Kong jusqu'à mars 2020, date à laquelle il a rejoint l'institution sous régionale. 

" La Banque a besoin de décupler sa capacité de financement des économies et augmenter significativement les impacts des projets financés … ", affirme-t-il avec conviction. Et les chantiers sont nombreux, entre augmentation du capital, financements innovants, etc., qui devront à terme générer près de 250 000 emplois dans la région, booster la production électrique ou encore doper la production agricole, un domaine qui doit plus que jamais porter " la transformation économique du continent ".

Rencontre avec un homme engagé qui a entamé la transformation d'une institution dont il veut faire le principal pilier du développement de la région aux côtés des Etats.

 

Banquier dans un important groupe international, vous avez pris en main une banque de développement dans un contexte totalement différent. Qu'est-ce qui a pu motiver un tel virage ?

La Banque Ouest Africaine de Développement est l'une des institutions les plus prestigieuses du continent. Elle bénéficie d'une excellente réputation auprès de la communauté financière internationale, et fait partie des banques les mieux notées par les agences de notation internationales. 

J'ai juste accepté de relever les challenges portés par la BOAD et de contribuer de manière plus active, au développement de notre continent, notre région et nos pays.

Son actionnariat est composé des Etats de l'UEMOA, de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), la France, la Chine, le Royaume de Belgique, l'Inde, l'Allemagne, la Banque Africaine de Développement (BAD), le Royaume du Maroc et elle s'apprête à accueillir de nouveaux actionnaires internationaux, dans les semaines à venir. Elle est un acteur majeur du financement du développement et jouit d'une stature internationale reconnue de tous et par tous. Je n'ai donc pas opéré de virage. J'ai juste accepté de relever les challenges portés par la BOAD et de contribuer de manière plus active, au développement de notre continent, notre région et nos pays. 

Mon métier n'a pas changé. Les contingences liées à son exercice sont juste différentes et les missions assignées ont une forte valeur contributive au bien-être des populations. Depuis deux ans, j'éprouve beaucoup de fierté à diriger cette Institution, à porter sa voix partout dans le monde, et à accompagner nos Etats membres dans leur politique de développement. J'ai par ailleurs, la chance de bénéficier de l'expertise éprouvée et reconnue de l'ensemble des équipes de la Banque. 

L'une des premières décisions que vous aviez prises une fois à la tête de la BOAD, fin août 2020, a été de solliciter une augmentation du capital. Pouvez-vous expliquer les raisons d'un tel choix et, deux ans après, comment évolue ce dossier ?

A mon arrivée à la tête de la BOAD, il nous a fallu poser deux regards francs. D'une part, un regard sur notre présent, un état des lieux du développement de notre sous-région ; d'autre part, un regard d'avenir désirable, un regard stratégique pour le mandat qui m'est assigné. 

(…) en dépit des efforts consentis par les autorités, les besoins de développement de la sous-région sont encore immenses et croissants, pour lutter contre la pauvreté endémique, les inégalités socio-économiques et faciliter l'accès des populations, aux services sociaux de base …

Il ressort ainsi des diagnostics qu'en dépit des efforts consentis par les autorités, les besoins de développement de la sous-région sont encore immenses et croissants, pour lutter contre la pauvreté endémique, les inégalités socio-économiques et faciliter l'accès des populations, aux services sociaux de base (éducation, santé, eau, énergie, denrées alimentaires, …). Ces défis ont été exacerbés ces dernières années, par des chocs (Covid-19, conflit en Ukraine, etc.) qui pourraient annihiler, en cas d'inaction, les progrès accomplis, favorisant la paupérisation des populations. 

Avec DJOLIBA, nous avons l'ambition de faire de la BOAD une institution de référence pour un impact durable sur l'intégration et la transformation de l'Afrique de l'Ouest. 

Pour répondre véritablement à ces défis, aux côtés de nos Etats et du secteur privé, j'ai engagé l'implémentation d'un nouveau plan stratégique 2021-2025, dénommé Plan DJOLIBA, en référence au nom du majestueux fleuve Niger, si caractéristique de notre sous-région. Il est parfaitement en phase avec les Plans Nationaux de Développement (PND) des Etats membres et aligné sur les ODD*. Avec DJOLIBA, nous avons l'ambition de faire de la BOAD, une Institution de référence pour un impact durable sur l'intégration et la transformation de l'Afrique de l'Ouest. En clair, la BOAD veut être une Institution " Cœur de Cible " du développement en Afrique de l'Ouest. 

Pour ce faire, la Banque a besoin de décupler sa capacité de financement des économies et augmenter significativement les impacts des projets financés, en vue d'améliorer les conditions de vie des populations, notamment les jeunes et les femmes qui constituent les franges les plus vulnérables. Nous devons donc accroître les capitaux propres de la BOAD, afin de pouvoir répondre à ces ambitions légitimes.

La Banque a besoin de décupler sa capacité de financement des économies et augmenter significativement les impacts des projets financés … 

Selon les experts, l'opération de renforcement des fonds propres de la BOAD est une transaction inédite au monde, tant dans sa structuration que dans son implémentation. Je me réjouis de vous informer qu'après deux années de dur labeur, l'opération a été couronnée de succès. En effet, les organes délibérants ont approuvé un renforcement des fonds propres de la Banque de 1,5 milliard US$ dont 900 millions US$ en capital règlementaire (CT1) et 600 millions US$ en dette hybride. 

Selon les experts, l'opération de renforcement des fonds propres de la BOAD est une transaction inédite au monde … 

Il convient de mentionner qu'avec cette opération, de nouveaux actionnaires prestigieux feront leur entrée au capital de la BOAD. La part des non régionaux, disposant de meilleures notations internationales, devrait passer dès lors, de 6% à 20% du capital, ce qui sera de nature à ancrer profondément le rating " investment grade " de la BOAD, voire l'améliorer.

Avec l'opération d'augmentation du capital, de nouveaux actionnaires prestigieux feront leur entrée au tour de table de la BOAD. 

C'est l'occasion pour moi d'adresser mes vifs remerciements aux autorités de l'UEMOA (Etats membres, BCEAO), aux actionnaires non régionaux (notamment l'Allemagne, la Belgique, la France, la BEI, la BAD, le Royaume du Maroc, la Chine) et aux administrateurs de la Banque, pour leur constante sollicitude dans la réussite de ce projet structurant pour nos actions futures.   

 

Symbole de votre ambition d'accroître l'impact de la BOAD sur l'économie régionale, vous avez lancé l'ambitieux Plan quinquennal 2021-2025 Djoliba. Un plan de plus de 3 000 milliards FCFA, en hausse de 50%, comparé au précédent. Que contient ce plan et quelles en sont les ambitions ? 

La vision du plan Djoliba est de faire de la " BOAD, la Banque de référence, pour un impact durable sur l'intégration et la transformation de l'Afrique de l'Ouest ". Cette vision s'articule autour de trois axes stratégiques opérationnels et deux axes transversaux qui sont : primo, renforcer l'intégration régionale ; secundo, contribuer à la création de valeur et d'emplois productifs ; tertio , renforcer la résilience au changement climatique ; quarto, augmenter les capacités de financement et, quinto, renforcer les ressources humaines et les systèmes de gestion.

Nos actions mettent l'accent sur les cinq domaines que sont : i) les infrastructures de transport et TIC/digitalisation, ii) la production et l'accès équitable à l'énergie et aux ressources naturelles, iii) la production agricole et la sécurité alimentaire, iv) l'immobilier et l'habitat, notamment l'habitat social et v) la santé et l'éducation.

Par ailleurs, le rôle et les besoins de financement des micros, petites et moyennes entreprises (MPME) sont mis en avant, afin de diversifier le tissu économique et créer des emplois dans des domaines porteurs, comme la transformation des matières premières et l'immobilier social. Une attention particulière est également accordée à l'emploi des jeunes et l'inclusion des femmes, ainsi qu'au rôle du secteur financier (banques, SFD, autres établissements financiers), dans l'appui à ces domaines.

(…) sur la période 2021-2025, nous espérons, entre autres, concourir à la création de 244 000 emplois, contribuer à hauteur de 3 710 milliards FCFA au PIB des Etats … 

A travers le financement des projets de développement, sur la période 2021-2025, nous espérons, entre autres, concourir à la création de 244 000 emplois, contribuer à hauteur de 3 710 milliards FCFA au PIB des Etats et de 580 milliards FCFA, aux taxes fiscales, augmenter de 87 700 m3/jour la production moyenne d'eau potable dans la zone UEMOA ou encore mettre en place 12 700 km de routes, en vue de faciliter le déplacement des populations et des biens.

Dans le secteur agricole, nous comptons aménager 12 170 hectares de terres, pour permettre la production de 170 300 tonnes de riz par an. S'agissant de l'accès à l'énergie, notre objectif en termes de capacité supplémentaire est de 380 MW, avec une part minimale de 39% affectée aux énergies renouvelables. 

Dans le secteur agricole, nous comptons aménager 12 170 hectares de terres, pour permettre la production de 170 300 tonnes de riz par an. 

Ces défis liés au développement ne doivent pas nous faire négliger la préservation de notre environnement. Ainsi, nous escomptons éviter environ 18 millions de tonnes de CO2.

 

Comment comptez-vous mobiliser ces ressources ?

Le renforcement des fonds propres à travers l'augmentation du capital devrait permettre de libérer des ressources additionnelles, pour le financement de nouveaux projets. En outre, cette augmentation de capital entraînera une amélioration significative de notre capacité d'endettement, passant de 235% en 2021 à moins de 200% sur les cinq prochaines années, pour une norme de 300% à ne pas dépasser ...

 

La suite de l'interview est à retrouver dans la dernière édition de votre magazine Sika Finance. Télécharger gratuitement la version numérique ou cliquant sur l'image ou ici :

 

 

Jean Mermoz Konandi

Publié le 05/12/22 14:54

SOYEZ LE PREMIER A REAGIR A CET ARTICLE

Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.

iaSnSqiPTCbwR62Kro6thCt3fAKc28M8VKCetrCUvuw False