Les marchés mondiaux de matières premières ont poursuivi leur réajustement cette semaine, avec une tendance dominée par la prudence, l'attentisme et, surtout, le retour de fondamentaux pesants. Si les tensions géopolitiques continuent d'alimenter l'incertitude sur les marchés énergétiques, c'est du côté des matières premières agricoles que les signaux sont les plus explicites : l'abondance de l'offre, dopée par une amélioration des conditions climatiques et des stocks en hausse, commence à peser lourdement sur les prix.
Café : une chute amplifiée par l'excès d'offre
Le marché du café a vu ses cours s'éroder en fin de semaine, avec l'arabica en baisse de -1,8 % et le robusta atteignant son plus bas en 13 mois. Ce repli est principalement imputable à la progression rapide de la récolte brésilienne, désormais à environ 35 %, conjuguée à des stocks certifiés ICE au plus haut depuis quatre mois.
Les exportations robustes du Vietnam ajoutent à la pression, alors que les précipitations attendues au Brésil atténuent les inquiétudes précédentes sur une possible sécheresse. Si la demande mondiale reste stable, l'équation est désormais dictée par l'offre, et les investisseurs surveillent de près les conditions météorologiques pour détecter tout signal d'un possible retournement haussier.
Cacao : les prix s'effondrent sous l'effet d'une météo favorable en Afrique de l'Ouest
Après plusieurs mois de flambée haussière, le cacao subit un véritable retournement de cycle. Les contrats à New York et à Londres ont chuté à leurs plus bas niveaux en deux à trois mois, conséquence directe de prévisions de pluies soutenues en Afrique de l'Ouest, cœur de la production mondiale.
Ces précipitations laissent présager une récolte abondante, tandis que les stocks américains sont passés d'un creux de 21 ans à un pic de neuf mois, accentuant la spirale baissière. Même le ralentissement des exportations ivoiriennes n'a pas suffi à enrayer la tendance. Le marché entre dans une phase de consolidation sévère, à moins d'un retournement climatique inattendu.
Coton : après le rallye, le doute
Le coton évolue sur une note contrastée, marquant une pause après une séquence haussière technique. Les prises de bénéfices par les investisseurs signalent une phase d'attentisme, renforcée par l'incertitude sur la prochaine récolte dans les principales zones productrices (États-Unis et Inde).
L'équilibre mondial reste fragile, tiraillé entre stocks encore élevés et demande textile mondiale peu lisible, en particulier dans un contexte de tensions commerciales et de fluctuations de devises. Le marché pourrait rapidement basculer en fonction des projections climatiques ou de signaux macroéconomiques plus clairs.
Sucre : retour des tensions haussières sur fond de restriction d'offre
Le marché du sucre a bénéficié d'un rebond net, atteignant un plus haut de deux semaines, soutenu par une série de facteurs convergents. L'annonce d'un ralentissement de la récolte au Brésil, leader mondial, combinée à des importations massives du Pakistan, ravive les inquiétudes sur l'équilibre offre-demande.
Par ailleurs, la hausse du pétrole brut accroît l'attrait de l'éthanol, au détriment de la production de sucre, ce qui crée un arbitrage défavorable pour les raffineurs. L'ensemble de ces éléments place le sucre sur une trajectoire haussière, à court terme du moins.
Pétrole : correction technique dans un climat d'incertitude géopolitique
Les cours du brut ont connu un léger repli, dans un climat de prudence post-tensions entre les États-Unis et l'Iran. Si les inquiétudes sur l'approvisionnement persistaient en début de semaine, l'absence de riposte directe ou de perturbation concrète a tempéré les positions spéculatives.
Les négociations commerciales sino-américaines restent un facteur à double tranchant : elles maintiennent l'espoir d'un retour progressif de la demande, mais sans catalyseur immédiat, les prix peinent à retrouver leur élan. Le Brent et le WTI restent donc en phase de consolidation latente.
Gaz naturel : repli marqué, la météo américaine en cause
Le gaz naturel subit une correction prononcée, principalement causée par des prévisions climatiques plus fraîches aux États-Unis, qui réduisent la demande en climatisation et en chauffage. La faiblesse des perspectives saisonnières s'est doublée d'une liquidation technique par les opérateurs, dans un contexte d'aversion au risque accrue sur les marchés globaux.
L'absence de catalyseurs – qu'ils soient géopolitiques ou climatiques – alourdit la pression sur les prix. Le marché reste en quête d'un moteur de relance, potentiellement à travers une canicule estivale ou une reprise des tensions d'approvisionnement.
la domination des fondamentaux sur la spéculation
Cette semaine aura marqué un retour en force des données physiques sur les marchés de matières premières. Que ce soit à travers les récoltes brésiliennes, les précipitations africaines, ou les stocks américains, ce sont bien les dynamiques d'offre et les anticipations climatiques qui dictent l'évolution des prix.
Dans ce contexte, les matières premières agricoles apparaissent clairement comme les segments les plus sensibles aux ajustements saisonniers, tandis que l'énergie reste suspendue à l'évolution des risques géopolitiques. Pour les investisseurs, la prudence reste de mise, tant que les signaux monétaires, commerciaux et météorologiques demeurent aussi divergents.
La Rédaction
Publié le 23/06/25 09:14
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