Le Bénin s'apprête à franchir une nouvelle étape dans la transformation de son agriculture. Le conseil d'administration du groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a en effet approuvé un prêt de 102,12 millions d'euros, soit 67 milliards FCFA, destiné à financer la première phase du Programme de transformation de l'agriculture dans la zone des Savanes. Un investissement structurant qui place la filière avicole au cœur de la politique de souveraineté alimentaire du pays.
L'objectif vise à accroître durablement la production nationale de viande de volailles, tout en garantissant le respect des normes sanitaires et environnementales, d'après le communiqué de l'institution bancaire panafricaine publié ce 10 décembre. Pour y parvenir, la stratégie repose sur une approche intégrée des chaînes de valeur maïs–soja–volaille, une articulation essentielle puisque ces deux cultures constituent la base de l'alimentation avicole. Le programme devrait ainsi stimuler la création d'emplois, améliorer la sécurité nutritionnelle et soutenir une croissance économique inclusive dans le nord du pays, une région encore peu exploitée mais dotée d'un fort potentiel agricole.
Selon Robert Masumbuko, responsable pays de la BAD au Bénin, ce projet s'inspire directement de l'expérience du Brésil, où la transformation agricole le Cerrado (zone savanicole) a permis d'en faire un véritable ‘'food basket''. En misant sur l'usage de technologies appropriées et une implication accrue du secteur privé, la BAD entend reproduire ce modèle de développement intensif et durable dans la région des Savanes.
L'institution financière prévoit d'ailleurs une mise en œuvre en plusieurs phases, afin d'accompagner progressivement la structuration de la filière avicole, notamment la production de poulets de chair, fortement consommatrice d'intrants agricoles. Prévu pour la période 2026-2030, le programme se distingue par son ampleur : 120 000 hectares seront aménagés pour la culture du maïs ; 80 000 hectares pour le soja ; et une production finale estimée à 41 000 tonnes de viande de volaille
En plus de fournir aux bénéficiaires des kits d'élevage, des semences certifiées, des engrais et des produits phytosanitaires, le projet distribuera également des équipements portatifs pour améliorer les techniques de semis et de gestion des cultures. À cela s'ajoute un important volet formation, portant sur les bonnes pratiques agricoles, la gestion de l'eau, l'adaptation au changement climatique et la lutte antiparasitaire.
L'un des piliers majeurs du programme réside dans la mise en place d'une plateforme multi-acteurs de recherche et d'innovation agroécologique, dédiée aux systèmes de culture maïs–soja. Celle-ci soutiendra le développement et la diffusion de semences climato-résilientes et riches en nutriments, un enjeu crucial face à la variabilité climatique croissante en Afrique de l'Ouest.
De façon concrète, le financement permettra la construction de 60 magasins de stockage d'une capacité de 1 000 tonnes ; 90 magasins de 500 tonnes, et 150 aires de séchage de 200 m². Ces infrastructures contribueront à réduire les pertes post-récolte, renforcer la compétitivité des filières et stabiliser les revenus des producteurs. Le projet bénéficiera directement à 50 000 personnes, principalement des petits agriculteurs, des éleveurs et des acteurs de la transformation. À terme, 500 000 personnes supplémentaires devraient en profiter de manière indirecte, dont au moins 30% de femmes, reflétant la volonté de la BAD et du gouvernement béninois d'ancrer ce programme dans une dynamique inclusive.
Narcisse Angan
Publié le 11/12/25 09:36