Fret aérien mondial : Un marché en léger repli, plombé par les tensions commerciales

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Après plusieurs mois de reprise modérée, le marché mondial du fret aérien montre des signes d'essoufflement. En février 2025, la demande mondiale a marqué un recul de 0,1% par rapport à l'année précédente, rompant avec la tendance haussière des derniers mois, selon les chiffres de l'Association internationale du transport aérien. En cause : un climat économique mondial tendu, des tensions commerciales exacerbées et une confiance des entreprises fragilisée, notamment sous l'effet de la nouvelle politique tarifaire américaine.

Mesurée en tonnes-kilomètres (CTK), la demande mondiale de fret aérien a baissé de 0,6% par rapport à janvier, une fois corrigée des effets saisonniers. Même si elle reste supérieure de 3% aux niveaux de février 2024, cette inflexion marque un tournant dans la dynamique du secteur. La baisse est en partie liée au caractère non bissextile de 2025, mais surtout à un ralentissement économique mondial qui affecte la demande de transport rapide.

Net recul des activités en Afrique et au Moyen-Orient

La performance varie fortement selon les régions du globe. L'Asie-Pacifique continue de tirer la croissance, avec une hausse de 5,5% sur un an, soutenue notamment par une dynamique impressionnante sur les routes intra-asiatiques (+9%). L'Amérique latine et l'Amérique du Nord affichent également des gains respectifs de 4,6% et 3%. En revanche, le marché européen stagne, avec un trafic quasi inchangé par rapport à 2024. Les transporteurs du Moyen-Orient et d'Afrique subissent quant à eux un net recul de leur activité, avec des baisses respectives de 11,9% et 5,8%.

La capacité globale de fret aérien (ACTK) a légèrement diminué de 0,4%, principalement en raison d'une contraction de l'offre des avions-cargos. Cette baisse de la capacité a permis une hausse modeste du taux de remplissage, le facteur de charge atteignant 45% à l'échelle mondiale. L'Europe reste la région la plus performante en matière d'utilisation de la capacité disponible, avec un taux de remplissage de 58,1%, tandis que l'Amérique latine affiche le niveau le plus faible à 36,5%. Il convient de noter que plus de la moitié du fret aérien international est transportée dans les soutes des avions de passagers, dont la capacité a progressé, contrairement à celle des avions-cargos dédiés.

Le rendement du fret aérien à son plus bas sur 12 mois

Du côté des revenus, la pression s'accentue. Le rendement du fret aérien mondial a chuté de 6,1% en février, tombant à son niveau le plus bas en douze mois. Cette baisse intervient malgré une diminution modeste des prix du kérosène (-2,1%). Cette tendance affecte directement les marges des compagnies aériennes, même si elle rend le fret aérien plus compétitif face au transport maritime sur certaines routes commerciales.

L'environnement économique mondial reste mitigé. La production industrielle mondiale a progressé de 3,2% sur un an, son rythme le plus élevé depuis deux ans, tandis que le commerce international a affiché une croissance de 5%. Ces signaux positifs n'ont toutefois pas suffi à inverser la tendance du fret aérien, encore pénalisé par un faible niveau des nouvelles commandes à l'export, en dessous du seuil critique de 50 depuis neuf mois. Cela indique une reprise industrielle qui reste incomplète et hétérogène.

Enfin, les pressions inflationnistes varient selon les grandes économies. L'inflation reste relativement stable aux États-Unis, en Europe et au Japon, alors que la Chine continue de faire face à une déflation, illustrant une demande intérieure encore faible. Les prix à la production, indicateurs avancés des pressions sur les coûts, confirment ces divergences régionales.

Le fret aérien, sensible aux cycles économiques mondiaux, entre donc dans une zone de turbulence. Si certaines régions, comme l'Asie, continuent de porter le marché, les incertitudes géopolitiques et la volatilité commerciale pèsent sur les perspectives à court terme. Dans cet environnement complexe, la capacité d'adaptation des compagnies – via l'optimisation des capacités, la diversification des routes et l'agilité tarifaire – sera essentielle pour préserver l'équilibre financier du secteur.

Dr Ange Ponou

Publié le 15/04/25 08:31

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