Le dernier rapport annuel de la Commission bancaire de l'Afrique centrale (Cobac), publié pour l'exercice clos au 31 décembre 2024, confirme que les créances en souffrance progressent en zone CEMAC depuis quatre ans, malgré des efforts de provisionnement jugés importants par l'autorité de supervision régionale.
Selon la Cobac, l'encours total des créances en souffrance atteint 2 024 milliards FCFA fin 2024. C'est 144 milliards de plus qu'un an auparavant, soit une hausse de 7,7 %. Rapporté à l'ensemble des crédits bruts distribués dans la région 12 501 milliards FCFA fin 2024 ce volume représente 16,2 % du portefeuille, contre 16 % fin 2023. Autrement dit, près d'un sixième des prêts accordés par les banques de la sous-région connaît désormais des difficultés de remboursement. Dans le langage bancaire, les créances en souffrance désignent l'ensemble des prêts qui ne sont plus remboursés normalement par les emprunteurs.
Au sein de cet agrégat, les créances douteuses demeurent la composante la plus lourde. Elles totalisent 1 536 milliards FCFA au 31 décembre 2024, contre 1 445 milliards un an plus tôt, soit une progression de 91 milliards (+6,3 %). Elles représentent 12,2 % des crédits bruts, un niveau quasiment stable sur un an, et concentrent 75,9 % de l'ensemble des créances en souffrance. Dans le vocabulaire prudentiel, cette catégorie regroupe les prêts dont la probabilité de recouvrement est devenue très faible, même si des remboursements partiels restent possibles.
Voir aussi- UEMOA : Les créances douteuses atteignent près de 3 500 milliards FCFA à fin novembre 2024
Les autres segments évoluent plus modérément. Les créances impayées, qui correspondent aux retards de paiement les plus récents, s'élèvent à 189 milliards de FCFA fin 2024, soit 1,5 % des crédits bruts. Les créances immobilisées, pour lesquelles les remboursements sont gelés en raison d'un litige ou d'une situation de blocage durable, atteignent 288 milliards, équivalant à 2,3 % du portefeuille. Comparées à la structure observée entre 2020 et 2023, ces deux rubriques restent globalement marginales dans la dynamique globale du risque.
Derrière l'apparente homogénéité régionale, la Cobac observe de fortes divergences nationales. Trois pays enregistrent une aggravation notable : le Cameroun (+14,5 %), le Gabon (+31,4 %) et le Congo (+5,6 %). À l'inverse, le Tchad (-11 %), la Guinée équatoriale (-5,4 %) et la Centrafrique (-15,1 %) affichent un recul des volumes en souffrance. Ces écarts traduisent, selon le rapport, la diversité des conditions économiques nationales et la capacité variable des banques à maintenir des portefeuilles sains.
Pour contenir ces risques, les établissements ont renforcé leurs provisions pour dépréciation — c'est-à-dire les sommes mises de côté pour couvrir les pertes attendues. Elles atteignent 1 464 milliards de FCFA en 2024, contre 1 398 milliards un an plus tôt. Malgré cet effort, les créances en souffrance nettes de provisions remontent à 560 milliards de FCFA, après un repli observé en 2023.
Le rapport montre enfin que le ratio des créances en souffrance nettes rapporté aux crédits bruts, indicateur clé de vulnérabilité bancaire, remonte de 4,2 % à 4,4 % entre 2023 et 2024.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 05/12/25 16:35


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