Gabon : Total Energie entre réduction des investissements mondiaux et tensions sociales

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Le géant pétro-gazier français TotalEnergies a annoncé lundi 29 septembre vouloir accroître sa production mondiale de pétrole, de gaz et d'électricité d'environ 4 % par an jusqu'en 2030, tout en réduisant ses investissements et coûts opérationnels de 7,5 milliards de dollars sur la période 2026-2030. Le groupe, dirigé par Patrick Pouyanné, table désormais sur 15 à 17 milliards de dollars d'investissements nets annuels, concentrés sur les projets à forte marge dans l'exploration-production. Les investissements consacrés aux énergies bas carbone sont, eux, ramenés à environ 4 milliards de dollars par an.

Cette stratégie vise, selon le PDG de Total, à conjuguer croissance et discipline financière. "Nous pouvons faire la même croissance avec moins", a-t-il résumé lors de la journée investisseurs du groupe, en rappelant que 95 % de la production pétrolière et gazière attendue en 2030 est déjà sécurisée. TotalEnergies anticipe donc une progression annuelle de 3 % de ses volumes d'hydrocarbures et une hausse de 20 % de sa production électrique, dont 70 % issue de sources renouvelables.

Si le recentrage mondial du groupe privilégie les zones à rentabilité élevée, il se traduit en Afrique centrale par une réduction progressive des engagements. Au Gabon, où TotalEnergies EP Gabon produit actuellement autour de 18 000 barils par jour, la filiale apparaît en retrait. Ce niveau de production le classe désormais au quatrième rang derrière Perenco, désormais leader du secteur avec environ 40 % de la production, suivi d'Assala Energy, récemment nationalisée par la Gabon Oil Company (24 %), puis de Maurel & Prom (près de 10 %). Avec une production nationale estimée autour de 200 000 barils/jour en 2025, le Gabon reste un acteur significatif mais en perte de vitesse.

Ce désengagement relatif alimente un climat social tendu. Selon des informations en notre possession, TotalEnergies EP Gabon est en effet secouée en interne après le licenciement jugé " non conforme" de deux employés gabonais, officiellement pour "échec à une formation certifiante". Les syndicats dénoncent une "violation du Code du travail et des accords internes", et voient dans cette mesure une manœuvre de réduction de la masse salariale imposée par le siège, en contradiction avec l'esprit du "local content" pratiqué dans d'autres filiales africaines.

Dans le même temps, l'AG des salariés a exprimé "ses inquiétudes face aux sessions successives d'actifs, notamment le siège de Libreville, 15% de Boudroie, clinique et les villas, bâtiments de la concession, et les futures sessions dans le cadre de l'optimisation du parc immobilier." Des ventes qui suscitent des interrogations sur la stratégie de l'entreprise et les compensations attendues.

C'est donc dans ce climat tendu que les salariés demandent à la direction de TotalEnergies de " respecter les accords collectifs" et propose "un supplément d'intéressement lié aux sessions d'actifs conformément à l'article 7 du protocole d'intéressement". Propositions renchéries par la mise en place d'un plan de départ négocié, la dénonciation des accords collectifs obsolètes, et la mise à disposition d'un soutien psychologique pour les salariés.

Idrissa DIAKITE

La Rédaction

Publié le 30/09/25 16:02

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