La Banque mondiale émet sa 1ère titrisation de 510 millions USD pour mobiliser les capitaux privés

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La Banque mondiale a franchi une étape décisive dans sa stratégie de mobilisation du secteur privé. Le 19 septembre dernier, l'institution a annoncé la réussite de sa première opération de titrisation via la Société financière internationale (IFC), pour un montant total de 510 millions de dollars. L'objectif affiché est de créer une nouvelle classe d'actifs capable d'attirer durablement les grands investisseurs institutionnels vers les marchés émergents.

Fruit de deux années de conception, cette obligation structurée adossée à des prêts marque l'introduction d'un modèle d'''octroi puis de cession'' inédit dans l'univers du développement. Les créances issues des financements accordés par l'IFC ont été regroupées et transformées en titres notés conformes aux standards des investisseurs institutionnels.

En clair, la Banque mondiale cherche à transformer ses portefeuilles de prêts en instruments financiers capables de séduire fonds de pension, compagnies d'assurance et gestionnaires d'actifs.

‘'Il est essentiel de mobiliser des investissements privés à grande échelle pour créer des emplois et sortir des millions de personnes de la pauvreté'', a insisté Ajay Banga, président du Groupe de la Banque mondiale, soulignant que cette opération ouvre la voie à une réplication sur plusieurs marchés.

Une opération structurée en trois tranches

L'émission, cotée à la Bourse de Londres, a suscité un vif intérêt des investisseurs. Elle se décompose en trois tranches : une tranche prioritaire de 320 millions de dollars souscrite par des investisseurs privés, une tranche mezzanine de 130 millions de dollars sécurisée par un consortium d'assureurs-crédit et une tranche de 60 millions de dollars en fonds propres. Goldman Sachs a agi en qualité d'arrangeur.

Ce schéma permet non seulement de diversifier les profils de risque mais aussi d'élargir la base d'investisseurs au-delà des partenaires traditionnels du développement.

Pour la Banque mondiale, il s'agit d'un double levier : attirer des capitaux privés frais et libérer ses propres ressources afin de financer un plus grand nombre de projets dans les pays en développement.

Avec plus de 9 000 milliards de dollars d'actifs gérés par les fonds de pension à l'échelle mondiale, l'institution de Washington entend capter une fraction de cette épargne pour répondre aux immenses besoins des économies émergentes. Le Laboratoire de l'investissement privé, créé en 2023, avait identifié le manque de produits financiers adaptés comme l'un des principaux freins à l'engagement du secteur privé. La titrisation proposée vise précisément à lever cet obstacle.

Reste que ce modèle devra encore faire ses preuves. Sa reproductibilité dépendra de la stabilité des rendements offerts aux investisseurs et de la confiance dans la qualité des portefeuilles titrisés. Dans un contexte de tensions géopolitiques et de volatilité des taux d'intérêt, la capacité de l'IFC à sécuriser et élargir ce type d'opération sera scrutée de près.

La Banque mondiale prévoit d'organiser régulièrement de nouvelles émissions, avec la volonté de bâtir un marché secondaire liquide et de créer une catégorie d'actifs pérenne pour les marchés émergents. Si elle réussit, l'initiative pourrait transformer la manière dont le développement est financé, en mariant ressources publiques limitées et capitaux privés massifs.

Pour Ajay Banga, l'enjeu dépasse le seul financement : ‘'En libérant notre bilan, nous pouvons soutenir davantage de pays et d'acteurs du secteur privé. Les opportunités et les besoins sont bien plus importants, à la mesure de notre ambition''.

La Rédaction

Publié le 30/09/25 16:33

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