La Guinée inaugure Simandou, le plus grand projet de minerai de fer au monde

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Après trois décennies d'attente, la Guinée a officiellement lancé ce 11 novembre, l'exploitation du gisement de fer de Simandou, présenté comme l'un des plus grands et plus riche de teneur en fer au monde. L'événement, célébré en grande pompe au port de Morébayah, à l'Est du pays, symbolise bien plus que l'entrée en production d'un site minier. Il symbolise en effet, la renaissance économique du pays.

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Sous le regard de plusieurs chefs d'État et de gouvernement africains, dont Paul Kagame (Rwanda), Brice Oligui Nguema (Gabon), Robert Beugré Mambé (Côte d'Ivoire), ainsi que du vice-Premier ministre chinois Liu Guozhong, le président guinéen Mamadi Doumbouya a procédé à l'inauguration de ce projet intégré. Le premier train chargé de minerai de fer a sifflé devant les invités, scellant ainsi le lancement officiel d'une aventure industrielle et géopolitique de grande ampleur. La journée de l'inauguration, décrétée jour férié nationale, intervient à un moment charnière de la vie politique guinéenne. Elle porte la promesse d'une renaissance industrielle du pays autour d'un projet soutenu par la Chine et observé de près par les marchés internationaux.

Un projet industriel et logistique titanesque

Découvert dans les années 1990 par le géant minier anglo-australien Rio Tinto, le gisement de Simandou renferme près de deux milliards de tonnes de minerai estimée à 65-80% de teneur en fer, une ressource stratégique dans un contexte mondial de transition vers un acier à faible émission carbone. La capacité de production immédiate de ce site minier est estimée à 100 millions de tonnes par an, selon le Fonds monétaire international (FMI). Il s'agit du plus grand projet intégré d'extraction de minerai de fer jamais mis en œuvre en Afrique voire au monde.

Ce sont 10 millions de tonnes qui sont attendus sur le marché international dès 2026. Ensuite, il est prévu une extraction de 34,45 millions de tonnes par an et jusqu'à 69 millions de tonnes lors de la seconde phase.  La première phase de l'exploitation devrait hisser la Guinée au deuxième rang des producteurs de minerai de fer africains derrière l'Afrique du Sud, avant de prendre la première place africaine et la septième au niveau mondial, selon les prévisions de la Banque mondiale. La capacité à produire à terme, plus de 120 millions de tonnes par an dans les prochaines années, mettra le pays dans le top 5 des pays producteurs de minerai de fer dans le monde derrière l'Australie, le Brésil, la Chine et l'Inde.

Grâce à sa pureté (forte teneur en fer), le minerai de fer de Simandou pourrait être très demandé sur le marché international. Il pourrait se placer, selon la Banque Mondiale, au niveau des gisements brésiliens et loin devant les gisements australiens qui sont les plus importants au monde. Le projet est porté par un partenariat public-privé inédit entre l'État guinéen et un consortium international comprenant Rio Tinto, Chinalco, Baowu Steel, premier sidérurgiste mondial, et Winning Consortium Simandou (WCS). Ensemble, ils ont investi plus de 20 milliards de dollars (11 342 milliards FCFA), soit l'équivalent de la méga raffinerie de Dangote, pour construire un complexe entièrement intégré : mines, chemin de fer et port.

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La Compagnie du TransGuinéen (CTG), créée en 2022, qui exploite le complexe avec une participation de 15%, assurant à l'État un contrôle stratégique sur les infrastructures. L'infrastructure ferroviaire, associé au projet, longue de 650 kilomètres, relie les montagnes du Simandou, dans le Sud-Est du pays, au port en eau profonde de Morébayah, au Sud de Conakry. Le double rail vise non seulement à évacuer le minerai, mais aussi à désenclaver les régions intérieures, avec à terme un potentiel d'ouverture au transport de passagers et de marchandises agricoles.

Simandou 2040 : une vision au-delà du minerai

Pour Conakry, Simandou n'est pas un simple projet minier, mais le socle d'une transformation structurelle. Ce complexe industriel s'inscrit dans le cadre du plan “Simandou 2040”, la stratégie de développement du pays, organisée en trois phases quinquennales, d'un coût d'investissement total supérieur à 200 milliards de dollars. Des bénéfices conséquents sont attendus de l'exploitation de ce gisement pour la transformation de l'économie de la Guinée. Les exportations de minerai, les redevances, les impôts et taxes vont générer d'importantes recettes en monnaie locale comme en devises.

Selon les prévisions de la Banque Mondiale, la Guinée devrait afficher les taux de croissance économique les plus élevés entre 2025-2027, avec des hausses de PIB de 7,5% en 2025, 9,3% en 2026 et 11,6% en 2027, grâce à l'exploitation de ce gisement de fer.  Au-delà de l'aspect économique, le projet va générer des milliers d'emplois qui bénéficieront aux jeunes dans le pays.

Avec Simandou, la Guinée entre dans une nouvelle ère. Celle d'un pays capable de valoriser ses ressources naturelles tout en construisant les infrastructures qui lui manquaient. Si les promesses de revenus, d'emplois et de désenclavement se concrétisent, le pays pourrait devenir un pôle économique majeur en Afrique de l'Ouest. Mais au-delà des symboles et des discours, le succès de Simandou dépendra d'une seule chose : la capacité de la Guinée à transformer son fer levier en développement durable.

Narcisse Angan

Publié le 12/11/25 10:00

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