La République démocratique du Congo a décidé de durcir son dispositif de contrôle sur le cobalt, selon une circulaire officielle datée DE FIN novembre et consultée par Reuters. Le pays, qui fournit plus de 70 % de la production mondiale de ce métal indispensable aux batteries de véhicules électriques, veut reprendre totalement la main sur un marché stratégique. Les autorités ont donc fixé de nouvelles conditions auxquelles les exportateurs devront désormais se conformer, au risque de se voir retirer leur licence.
La circulaire, signée conjointement par les ministères des Mines et des Finances, introduit un ensemble d'obligations. Le document impose aux sociétés minières de pré-payer une redevance équivalant à 10 % du volume attribué dans un délai de 48 heures après le dépôt des déclarations d'origine et de vente.
Ce paiement anticipé, qui constitue une avance sur la fiscalité minière, doit donner lieu à un “récépissé libératoire”, indispensable pour engager les procédures douanières. Les exportateurs doivent aussi obtenir un certificat de conformité et se soumettre à une série de contrôles physiques menés par plusieurs agences publiques.
La nouvelle architecture de supervision passe également par un Certificat de Vérification des Quotas, appelé AVQ, émis par l'Autorité de Régulation et de Contrôle des Marchés des Substances Minérales Stratégiques (ARECOMS). Ce document doit accompagner chaque dossier d'exportation et atteste de la conformité entre les volumes déclarés et les quotas alloués. Ces quotas sont automatiquement vérifiés, puis les lots doivent être échantillonnés, pesés et scellés avant autorisation.
À ce stade, ni les ministères concernés ni la Chambre des mines n'ont répondu aux sollicitations de Reuters. Dans l'industrie, le flou demeure. “Les entreprises veulent comprendre si la redevance de 10 % tiendra compte des montants liés à la dernière exportation avant l'interdiction”, confie un cadre du secteur cité par Reuters, qui a préféré rester anonyme en raison de la sensibilité du dossier.
Pour le quatrième trimestre 2025, Kinshasa a fixé un total de 18 125 tonnes de quotas, précise l'agence. Les projections pour 2026 montent à 96 600 tonnes. Les deux principaux acteurs du pays, le groupe chinois CMOC et le géant suisse Glencore, en décrochent les plus larges parts, tandis que l'ARECOMS conserve une réserve stratégique évaluée à 10 %.
Les ajustements réglementaires inquiètent les analystes. Duncan Hay, de Panmure Liberum, estime que “les règles d'exportation changeantes de la RDC n'offrent aucune certitude — des demandes de redevances de dernière minute et une paperasserie complexe maintiendront les exportations et les prix volatils”, rapporte Reuters. Les marchés réagissent déjà : le cobalt se négocie autour de 24 dollars la livre, soit environ 52 910 dollars la tonne. Un niveau en nette hausse comparé aux 16 dollars la livre observés en août ou au point bas enregistré en février, lorsque l'embargo avait commencé.
Ces tensions pourraient freiner la demande dans le segment des batteries, avertit l'analyste. Le cobalt reste pourtant au cœur de la stratégie minière congolaise. Kinshasa pousse des réformes ambitieuses, a lancé son premier lot de cobalt artisanal traçable en novembre et a signé un accord commercial avec le négociant suisse Mercuria pour écouler cobalt, cuivre et autres minerais critiques, rappelle Reuters.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 06/12/25 14:01


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