Sénégal : Accès aux logements à Dakar, le grand parcours du combattant

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A Dakar, le secteur du logement continue de faire face à un surenchérissement du coût. Une situation qui pousse de plus en plus les populations à s'éloigner de Dakar pour trouver des appartements entre 150 000 et 180 000 FCFA. Ainsi, pour résoudre le déficit de logements estimé à 312 000 toits, les autorités tablent sur les logements sociaux pour " des habitats décents, à moindre coût ".

Le vent qui souffle légèrement en ce moment à Dakar balaie les objets légers sous le regard désemparé des agents en charge du nettoyage, obligés de leur courir après, histoire de ne laisser aucune saleté dans les alentours. D'une ambiance bruyante et grouillante, les immeubles encerclent la Place de l'Indépendance qui rayonne par sa verdure. Ce cadre plaît bien à pas mal d'hommes et de femmes. Absatou Diatta en fait partie. C'est une habituée des lieux.

Le commerce facile, le visage égayé par un éclatant sourire, elle accepte d'aborder la problématique du logement à Dakar. À ses yeux, c'est un vieux problème, toujours sans solution. Elle ne pense même pas contacter un courtier pour un logement au centre-ville. " Le logement est de plus en plus cher à Dakar. Rares sont d'ailleurs les Sénégalais qui logent au centre-ville. Les appartements du Plateau sont loués entre 500 000 et 800 000 FCFA par mois. Quels sont les salariés qui peuvent débourser ce montant pour la location ? ", questionne Absatou. Non loin d'elle, Ousmane Sarr, assis sur un banc, le cartable posé sur ses cuisses, se ronge les ongles.

Il habite à Pikine, c'est dans la banlieue dakaroise à 45 minutes du centre-ville. Même s'il travaille à la Place de l'Indépendance, il n'imagine même pas y prendre quartier. C'est hors bourse pour lui. " Un salarié qui touche 500 000 FCFA minimum 500 000 FCFA. Ce sont souvent les hommes d'affaires et les étrangers qui y habitent ", explique Ousmane, regrettant le renchérissement de l'offre de logements, d'année en année.

Des appartements à coup de millions

À Dakar, les chantiers sont nombreux. Les immeubles poussent comme des champignons rivalisant de hauteur. Des cités constituées d'immeubles à vendre, on en voit le long de l'autoroute reliant Colobane au centre-ville. Cependant, les prix affolent souvent les potentiels clients. À la cité Addoha par exemple, l'appartement F2 est vendu à partir de 24 millions FCFA. Le F3 coûte au minimum 39 millions FCFA. Et il faut compter plus de 50 millions FCFA pour les F4 et F5, ce qui est hors de portée de beaucoup de salariés selon l'assistant architecte Moustapha Fall.

" Le marché est inondé d'offres de luxe. Du coup, les appartements sont à destination des classes sociales assez aisées. Il faut au minimum débourser 25 millions FCFA pour un espace de deux pièces ", explique l'assistant architecte. Pour lui, le phénomène s'explique par la forte demande alors que l'offre est faible. La même inquiétude anime Abdoulaye Diallo, comptable dans une institution de microfinance. " Même si je travaille à Dakar, je préfère loger ailleurs. " Il est impossible de payer un logement à 400 000 ou 500 000 FCFA par mois. Actuellement, le secteur du logement est très cher à Dakar. Et c'est regrettable ", regrette M. Diallo.

S'éloigner de Dakar, la tendance

Au Sénégal, l'État a décidé de revoir les prix de la location. Ainsi, il a procédé à une diminution de 15% des mensualités de moins de 300 000 FCFA. Et une baisse fixée de 10% pour celles inférieures à 500 000 FCFA et de 5% au-delà. Malgré cette politique, la situation reste compliquée. Ainsi, la tendance pour beaucoup de Sénégalais est de sortir de Dakar. Cette option réussit bien à Mamadou Guèye, agent dans un ministère. Il a pu trouver un appartement de deux chambres plus salon à 160 000 FCFA. Et c'est à Keur Mbaye Fall, à 30 kilomètres du centre-ville ; ce qui lui permet de subvenir à ses besoins. " J'ai préféré aller en banlieue car Dakar est cher.

Avec cette offre, je parviens à gérer toutes mes dépenses. En plus avec le TER, le déplacement n'est pas compliqué. En 30 minutes, je rallie le centre-ville ", dit Mamadou. S'éloigner de Dakar est également le choix d'Ousseynou Niang. Il a acquis une maison à Diamniadio. Ainsi, il en finît définitivement avec la problématique du logement. C'est en 2018 qu'il a acquis un terrain de 150 mètres carrés à 2 millions FCFA. " J'ai acheté un terrain loin de Dakar. J'y ai construit une maison en deux ans. Même si je suis véhiculé, j'ai la possibilité de me déplacer et de rallier le centre-ville en moins d'une heure avec le train express régional ", dit-il. À l'en croire, Diamniadio, Thiès, Mbour, le Lac rose, Bambilor sont les nouvelles destinations des Sénégalais à la recherche de logements abordables. Dans les quartiers de Dakar, les terrains de 150 mètres carrés coûtent au minimum actuellement 25 millions FCFA. Une donne qui ne facilite pas l'accès aux logements.

Le déficit de logements estimé à plus de 300 000 unités

Selon le nouveau ministre de l'Urbanisme et du Logement, Moussa Balla Fofana, le Sénégal fait face à un déficit de 300 000 logements chaque année. Actuellement explique-t-il, 12 000 autres logements de plus sont signalés creusant ainsi le déficit. Une situation compliquée à vite solutionner selon lui. " Aujourd'hui, on sait qu'un Sénégalais qui gagne entre 400 000 et 500 000 FCFA se retrouve à payer un loyer qui va entre 250 à 300 000 FCFA, ce qui représente 50% de ses revenus. Il faut qu'on revienne à l'orthodoxie qui tourne autour de 33% des revenus ", indique le ministre.

Les logements sociaux, l'une des solutions identifiées

Pour apporter des solutions, le précédent régime de Macky Sall avait lancé le programme des 100 000 logements. L'initiative a permis la construction de moins de 1 000 logements. Le nouveau régime pense également que la promotion des logements sociaux peut être une solution. Ainsi, il prévoit de lancer prochainement un " Programme d'accès à la propriété ". Selon le ministre de l'Urbanisme et du Logement, Moussa Balla Fofana, le programme permettra de stabiliser pour une bonne fois le foncier choisi, les types de promoteurs, le coût du loyer etc.

Aussi, dit-il, les banques et les municipalités seront mises à contribution pour la réussite de ce programme. " Ce sera une machine bien huilée avec ce programme d'accès à la propriété pour que les Sénégalais où qu'ils puissent être, au Canada, en Espagne ou au Portugal etc. puissent avoir accès à cette plateforme, identifier les projets en cours, connaître les différents projets ", explique Moussa Bala Fofana.

La Rédaction

Publié le 30/08/24 13:17

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